Mougins. La Galerie ABCD fait la part belle aux artistes américains…

Elle organise une exposition en leur honneur du 19 avril au 25 mai, place du Commandant Lamy. Elle a choisi de se concentrer sur leur présence à Paris entre 1945 et 1970. C’est que « Paris est une fête » reconnaissait Hemingway dans ses notes oubliées en 1928 dans une malle Vuiton à l’hôtel Ritz. Les artistes connus ou en devenir s’y bousculent. Les américains ne sont pas les derniers à y participer et à y apporter leur touche et leur folie aussi. Henry Miller y écrira ses plus belles pages, Man Ray ses plus belles photos...




Charles Diehl rappelle ici les grandes dates de leur présence à Paris capitale privilégiés de ces artistes connus ou en devenir :

"L’histoire des artistes américains venus à Paris commence au XIXe siècle avant et après le courant impressionniste. Elle se poursuit au XXe siècle avec l’attrait de courants nouveaux tels que le fauvisme et le cubisme. Dans l’entre-deux guerres, la Génération Perdue des écrivains américains, dont le plus connu est Ernest Hemingway, s’installe à Montparnasse qu’Henri Miller qualifiera de nombril du monde.

L’invasion allemande de la France provoque le mouvement inverse avec l’exil aux États-Unis de nombreux artistes. Parmi eux, les surréalistes dont Marcel Duchamp, André Masson et Stanley William Hayter s’installent à New York et influencent fortement de jeunes artistes américains inconnus qui plus tard donneront naissance au mouvement expressionniste américain.

A la fin de la guerre de 1939-1945, New York n’est pas encore le centre mondial de la création artistique et du marché de l’art. Paris garde pour encore quelques années son attrait en tant que lieu d’inspiration et de création culturelle et est aussi une porte d’entrée vers les autres centres culturels européens, notamment l’Italie et l’Espagne.

Une vague d’anciens GI s’installe à Paris grâce aux subventions du G.I. Bill pour les vétérans de la seconde guerre mondiale. Il s’agit d’une loi votée par le Congrès des États-Unis qui fait bénéficier d’une bourse les soldats démobilisés qui souhaitent reprendre leurs études aux États-Unis ou à l’étranger. Son montant varie selon le nombre d’années d’enrôlement et leur permet de couvrir leurs dépenses de vie courante, le financement de leurs études ou de leurs formations professionnelles ainsi qu’une année de chômage éventuel. Le G.I. Bill prend fin en 1956 et a profité à 7,8 millions de vétérans sur un total de 16 millions. Ces soldats démobilisés cohabitent dans des ateliers parisiens, notamment impasse Ronsin où se trouve l’atelier de Constantin Brâncusi, ils mènent une vie de bohème, villageoise et communautaire, fréquentent les cafés de Montparnasse et de Saint Germain- des-Près.

En 1950, l’artiste afro-américain, Haywood Bill Rivers invite ses amis à exposer dans le studio qu’il vient de reprendre au 8 rue Saint Julien le Pauvre. C’est le début de la Galerie Huit, lieu d’exposition autogéré et coopératif subventionné par la Fondation Rosenwald. Quelque 50 peintres et sculpteurs d’Outre Atlantique fréquenteront la Galerie Huit. La seconde vague arrive à la fin des années 1950 en même temps que les poètes américains fondateurs de la beat generation. Un critique estime à 300, le nombre des artistes américains à Paris en 1958. Une exposition de groupe à l’ambassade américaine en 1949 et une autre au centre culturel américain en 1964 sont organisées autour de ces Américains de Paris. On y croise alors Joan Mitchell et son compagnon Jean-Paul Riopelle, Sam Francis, Jackson Pollock, Paul Jenkins, Ellsworth Kelly, Larry Rivers, précurseurs du pop art et les artistes afro-américains qui seront reconnus plus tard : Beaufort Delaney, Romare Bearden, Edward Clark et Bob Thomson qui fera partie des artistes installés à la Cité Glacière. Si beaucoup sont rentrés aux États-Unis, certains reniant l’influence de leur période parisienne dans leur œuvre, d’autres n’ont jamais quitté la France : la plus montparnassienne Shirley Goldfarb, Shirley Jaffe ou encore le parisien John Harrison Levee, l’angevin John-Franklin Koenig et Joe Downing installé dans le Lubéron. Elisa Capdevila, auteur de "De Paris à l'Europe : sur les traces des Américains à Paris, entre mobilités récréatives et quêtes artistiques en Europe (de l'après-Seconde Guerre mondiale aux années 1960) "évoque un véritable mythe américain de Paris, nourri par la Génération Perdue de l'entre-deux-guerres et réactivé, en 1951, par la comédie musicale de Vincente Minnelli, An American in Paris. New York et plus largement les États-Unis deviennent le centre mondial du monde et du marché de l’art. De ce fait, ceux qui sont restés en France ont une notoriété moindre que ceux qui sont retournés dans leur pays d’origine. Certains sont redécouverts et reconnus mais plus tardivement."

  • La galerie mouginoise ABCD à été créée à l’initiative de messieurs Diehl galeriste depuis dix-huit ans, Cazorla homme d’affaires, investisseur et Benamou collectionneur de renom, ambassadeur de la galerie. Cet espace a pour ambition de faire découvrir des artistes connus ou émergents et de faciliter la rencontre entre les œuvres et le public, tout en facilitant l’accès de tous à l’art.