Dans l’huître, tout est bon…

Un fois dégustées, les huîtres livrent un autre trésor : leur coquille. C’est ce qu’ont réalisé les fondateurs et dirigeants de la société Alegina

Cette ressource pourrait représenter 120 à 150 000 tonnes par an, un véritable trésor, à priori bon marché, que se sont mis en tête les dirigeants de l’entreprise de valoriser. Il s’agit d’abord de les collecter, ce qui n’est pas évident. Après consommation du coquillage, les collecteurs d’ordures ménagères et les déchetteries font face à des coûts de traitement de cette matière impossible à considérer ni comme déchets organiques, ni comme déchets recyclables. Un seul bémol, une bonne collecte nécessite une qualité de la ressource strictement composée de coquilles. Il convient donc de proposer, très en amont, des solutions de collecte de la matière première.

Il reste alors à en tirer profit en fonction des applications et des usages pour lesquels il sera le plus adapté. Il faut savoir que l’huître que l’on déguste, fabrique patiemment sa coquille nacrée pendant une période de 3 à 5 ans. Cette conche recèle une matière minérale sophistiquée, désormais précieuse et utile à l’homme. Sur le plan chimique, la coquille d’huître est un bicarbonate, du carbonate de calcium associé à un composé organique, la conchioline qui contient du carbone, de l’hydrogène, de l’oxygène et de l’azote. La nature, avec une expertise chimiste remarquable et une dextérité manufacturière surprenante, arrange ainsi des molécules d’aragonite et de calcite en proportion variable, conférant à ce bicarbonate plus ou moins de résistance, de transparence, et de perméabilité.

Sans doute parmi le premiers, les romains avaient trouvé une utilité à ces coquilles. Si l’on en croit les archéologues, ils produisaient de la chaux à partir de coquilles broyées et chauffées. Une piste que les responsables d’Alegina s’empressent de suivre. Ils revendiquent déjà 10 000 m2 de pavés posés sur un simple lit de sable. Non seulement ces aménagements ne nécessitent aucune voirie supplémentaire, mais en cas de besoin de passage d’une fibre ou d’un nouveau réseau, il suffit de soulever quelques rangées de pavés, puis de les remettre en place, sans aucune détérioration.

« L’idée de départ : produire un béton coquillier, dont les qualités naturelles de perméabilité, nous ont permis de mettre sur le marché un pavé adapté aux réfections de voiries et aux aménagements urbains. Il absorbe les eaux de pluies et supporte le passage des poids lourds. C’est aussi un matériau clair qui réfléchit bien l’énergie solaire pour éviter les îlots de chaleur. »

Autre corde à son arc, l’entreprise propose un substrat pour toiture à végétaliser composé de coquilles d’huîtres concassées, d’un compost végétal et d’une solution à base de champignons, de graines et de bulbes. Le facteur clé de succès : pas de terre donc pas de phénomène de colmatage et de bouchage. Le substrat respire en totale autonomie et les toitures nécessitent un entretien minimal.

« Ces plantes vont dans un premier temps s’installer dans la matière minérale et s’en nourrir, puis naturellement une biodiversité va se développer toute seule. La fraîcheur viendra en prime par le phénomène de l’évapo-transpiration des plantes au moment des grosses chaleurs. »

Last but not least, Alegina commercialise Kaomer, un marque de bijoux et vaisselle de luxe en porcelaine d’huître…


NB : Quid d’autres pistes de recyclage des coquilles de moules ?