Accès au système de santé. De plus en plus aléatoire…

Catégorie C'est notre santé

Si dans les grandes villes et celles de taille moyenne, l’accès aux soins de proximité est en perte de vitesse, la situation est bien pire dans une grande partie du territoire. Dans de nombreuses communes, il faut désormais parcourir des dizaines de kilomètres pour trouver un médecin, attendre plusieurs mois pour obtenir un rendez-vous chez un spécialiste, ou se résigner à l’absence totale d’offre médicale. Cette réalité nourrit un sentiment d’abandon qui dépasse la simple question sanitaire et touche à la cohésion sociale, à l’égalité des chances et au pacte républicain.



- Laënnec à l'hôpital Necker ausculte un phtisique devant ses élèves
avec un stéthoscope (1816), par Théobald Chartran -


Pour objectiver ce ressenti, la plateforme indépendante monaviscitoyen.fr a mené une enquête citoyenne de grande ampleur : près de 18 650 participants dans 1 790 communes, interrogés en deux vagues (2022 et 2025). Le verdict est implacable : 74 % des Français estiment toujours difficile de se soigner près de chez eux. Et ce, même si, ces trois dernières années, le sentiment de désert médical a légèrement reculé, pour trois quarts d’entre eux, les difficultés demeurent.

Les attentes exprimées sont précises et répétées. Il s’agit avant tout de disposer d’un médecin traitant, accéder rapidement à un généraliste, consulter certains spécialistes à proximité, et pouvoir compter sur des hôpitaux ou maisons de santé. Pour beaucoup, la question n’est pas seulement médicale mais sociale : se soigner près de chez soi, c’est préserver son autonomie et son égalité de droits.

La fracture territoriale se confirme. Les villes de taille moyenne (10 000 à 100 000 habitants) progressent et dépassent désormais les grandes métropoles, grâce à une attractivité médicale retrouvée. À l’inverse, les petites communes continuent de voir leur satisfaction baisser : chaque départ de praticien y est vécu comme une perte irréversible.

La fracture générationnelle, elle, est spectaculaire. Les 18-29 ans voient leur satisfaction bondir à 39 % (contre 21 % en 2022), notamment grâce aux outils numériques (prise de rendez-vous en ligne, téléconsultations). Mais cette amélioration contraste avec la situation des plus de 60 ans : seuls 20 % des 60-69 ans et 26 % des plus de 70 ans déclarent un accès facile. Ici, la fracture numérique vient accentuer la fracture sanitaire.

Au-delà des chiffres, les témoignages recueillis révèlent l’ampleur du malaise : 65 % dénoncent le manque de médecins ; 40 % pointent la difficulté d’accéder aux spécialistes, en particulier dermatologues et dentistes ; 37 % évoquent la difficulté à accéder à un généraliste.

Certains motifs de satisfaction subsistent cependant : la présence de maisons médicales ou de petites équipes paramédicales (kinés, infirmières, pharmaciens) est régulièrement citée comme un point d’appui local. Les besoins exprimés sont, eux, massifs : hôpitaux (49 %), maisons de santé (38 %), IRM et scanners, mais aussi davantage de kinésithérapeutes (49 %), dentistes (27 %), dermatologues (28 %), ophtalmologues et pédiatres (10 %).

  • Mon Avis Citoyen est une entreprise française de civic-tech qui, depuis 2017, œuvre pour réconcilier les citoyens avec leurs élus via une plateforme numérique participative. Son objectif est de devenir le lieu d’expression principal des citoyens français vis-à-vis de leurs collectivités locales, en leur offrant une tribune pour donner leur avis sur les politiques publiques, locales et nationales.