Marseille. Jean-Pierre Blanche, entre poésie et lumière...

Une exposition aura lieu du 1 décembre 2023 au 21 avril 2024. Elle rend hommage à Jean-Pierre Blanche (1927-2022) qui transcrit avec bonheur le paysage méditerranéen dans toute sa diversité, avec une touche sensible marquée par un sens aigu du rythme, de l’espace et des couleurs.


- La Corniche, vers 2008, Jean-Pierre Blanche - 

Mêlant observation et souvenir, cultivant le choix du fusain, du pastel ou de l’huile pour exprimer les tons de la lumière, l’artiste nous transporte dans son univers profond et poétique. Avant la Provence, son terrain expérimentations fut l’Algérie, ou, lauréat du prix Abd-el-Tif en 1955, il séjourna deux ans lorsqu’il n’en avait pas même trente. Il découvre le Maghreb, Alger, Oran et Bone et est fasciné par le Sahara. Les paysages – plus rarement les portraits – qu’il en ramènera sont d’une étonnante diversité, traduisant les recherches multiples d’un artiste sans contraintes. Parfois traite s dans une veine nettement « fauve », ils peuvent aussi bien de ployer un camaïeu d’ocres et de bleus assourdis, très loin de l’éblouissement que connurent tant de peintres de couvrant le Maghreb, de Delacroix a Matisse en passant par Chasseriau.

Au début des années 1960 il suit sa compagne, Claire Benveniste (mère de ses enfants, Manuel et Guillaume), professeure de Lettres, nommée d’abord pour deux ans au Liban où, à Beyrouth il dirige un atelier de peinture. Jean-Pierre Blanche s’établit ensuite dans la campagne aixoise dès 1965, pendant plus d'un demi-siècle, et précisément en 1973 où il loue un étage d'une bastide sur le domaine de Pont-Rout, entre Saint-Mitre et les hauteurs de Celony. En 1972, il est nommé professeur à l’école d’art et architecture à la faculté de Luminy-Marseille, poste qu’il occupera jusqu’en 1990.

Jean-Pierre Blanche, arpenteur infatigable de la campagne un crayon à la main, à la façon de ses illustres prédécesseurs comme Monticelli ou Cézanne, est avant tout un artiste de l’atelier. Il traduit en langage pictural ses impressions, ses émotions vécues face à un paysage et met en forme sa vision subjective de la nature. Bien que figurative, cette vision qui tend vers l’abstraction et la synthèse, dépasse largement le réalisme, au profit de l’émotion qui émane de la perception du monde.

Comme chez Cézanne, les paysages de Blanche sont bruts, telluriques, géométrisés. Ils sont peuplés d’arbres massifs qui envahissent l’espace de la toile et bloquent la fuite du regard vers l’horizon. Ils sont minéraux et vierges de toute présence humaine. Ils vont à l’essence-même des choses, hors de toute anecdote. A ce titre, son voyage à Vauvenargues prend valeur de symbole.

L’un des aspects frappants de l’œuvre de Jean-Pierre Blanche réside dans sa manière très personnelle d’explorer les territoires les plus divers, tout en se fixant épisodiquement sur un sujet précis qui sera alors inlassablement réinterprété. Les hautes herbes et les arbres – en premier lieu le cèdre tricentenaire – de Pont-Rout, le domaine noyé dans une nuit jamais tout à fait obscure, sont des motifs récurrents dont il cherchera à épuiser les ressources, parfois à travers plusieurs dizaines de tableaux. Cette quête incessante des évolutions de lumière et de couleurs d’un sujet unique relève dans une certaine mesure de la démarche impressionniste, quoique le résultat soit bien différent. Que changent la saison, la météo ou l’heure de la journée, et l’atmosphère, les valeurs de tons s’en trouvent métamorphosées. 

Grand voyageur, on retrouve dans ses carnets de voyage, les alentours d'Aix, la Crau, les Alpilles et le Ventoux, les Salines de Camargue, et la Corniche de Marseille. Vers la fin des années 2000, Jean-Pierre Blanche commence a s’intéresser au thème de la nuit, dans laquelle des formes nouvelles surgissent, épurées, réduites à l’essentiel, lui permettant de renouveler ses recherches de paysagiste. La nature et l’architecture s’y rencontrent. Une fenêtre éclairée projette des ombres sur le sol, relevant une influence assumée d’Edward Hopper. Cette façon de réduire le monde réel à quelques signes essentiels le rapproche du minimalisme et de la monochromie.

Couvrant l’ensemble de sa carrière depuis les années 1950 jusqu’à ses dernières réalisations, la grande rétrospective au Musée Regards de Provence de quelques 130 œuvres permet d’embrasser 70 ans d’une production très diverse dans ses sujets, mais marque e par cette me me que te fondamentale de la couleur et de la lumière, dont l’univers aura e te le pourtour méditerranéen dans toute sa diversité .

Musée Regards de Provence
13002 Marseille
tel. 04 96 17 40 40
Exposition du 1 décembre 2023 au 21 avril 2024