Musée National du Sport. Mais où sont les femmes ?

Nice. Du 8 novembre 2023 au 22 septembre 2024, le Musée National du Sport présente sa grande exposition en lien avec les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. L’occasion de mesurer le spectaculaire chemin parcouru de la quasi-exclusion des femmes à la lutte pour la parité.


Les femmes et les Jeux Olympiques ont longtemps noué des destins contradictoires voire hostiles. Exclues de fait du mouvement olympique à sa renaissance moderne à la fin du XIXe siècle, les sportives ont mis des décennies à acquérir, peu à peu, la place qui leur revient dans le sport en général et plus particulièrement dans le mouvement olympique. Un parcours longtemps bordé de préjugés et d’interdictions mais heureusement semé de grandes premières mémorables. 

Des pionnières dirigeantes, comme Alice Milliat créatrice de Jeux mondiaux féminins en 1922, aux grandes athlètes françaises et étrangères telles que Christine Caron, Marie-José Pérec, Laure Manaudou ou plus récemment Clarisse Agbegnenou ou Simone Biles, elles sont parvenues, par leur voix ou leurs performances à s’octroyer toute la place qu’elles méritent dans la grande légende du sport mondial. Les histoires individuelles constituent parfois une victoire allant bien au-delà qu’un podium ou une médaille.

Sur plus de 500 m², dans une scénographie immersive et interactive, l’exposition retrace plus de 130 ans de notre société contemporaine à travers les histoires de femmes emblématiques au destin exemplaire. Le parcours est divisé en 6 parties découpées à la fois de manière chronologique et thématique :

  • Avec « Elles ne sont pas les bienvenues », l’exposition entame son voyage dans le temps par les premiers Jeux Olympiques de l’ère moderne. Tout rénovateur qu’il fut, le baron Pierre de Coubertin, fidèle en cela à son milieu et à son héritage, ne s’est guère préoccupé de leur sort en même temps qu’il remettait les célébrations antiques au goût du jour. Les femmes furent inscrites aux abonnés absents lors des premiers jeux de l’ère moderne en 1896 à Athènes et réduites, au mieux, à pratiquer quelques activités de loisirs (golf, tir à l’arc, etc.) à l’occasion des deuxièmes.
  • Dans « Elles prennent leur destin en main », l’exposition rend hommage aux (trop rares) femmes qui depuis un siècle ont essayé de jouer un rôle de premier plan dans le monde du sport. Des dirigeantes, des journalistes, des auteures, des photographes, des cinéastes, à commencer, évidemment par Alice Milliat, la première à avoir tenté de permettre aux femmes de participer aux compétitions sportives et notamment aux Jeux Olympiques, par la création, en 1922, de Jeux mondiaux féminins, dont les quatre éditions, jusqu’en 1934 préfigurent les compétitions féminines qui vont enfin se mettre en place à partir de la seconde moitié du XXe siècle.
  • La thématique « A jamais les premières » projette le visiteur dans l’espace olympique où se matérialise l’excellence sportive. Pour les femmes, il s’agit d’une compétition qui rime avec combat. Celui pour leur intégration qui se fait directement en lien avec l’évolution des mentalités. Des premières championnes olympiques, symboles de féminité, aux championnes olympiques dans des disciplines catégorisées comme masculines, le sport au féminin a vu, et voit toujours, se succéder des pionnières. Progressivement, elles sont également placées comme égéries de leur pays et de l’olympisme … Tout un symbole de l’évolution du sport au féminin.
  • La lutte se poursuit et s’intensifie dans « Elles imposent leurs choix » qui présente les Olympiennes qui se sont élevées contre les ostracismes et les injustices pour accéder à une naturelle reconnaissance sportive. Les histoires exceptionnelles de celles qui ont osé, avant les autres, mieux que les autres, vivre leurs différences et leurs audaces sans tenir compte du regard d’autrui. Grâce à ces pionnières dignes d’un Panthéon d’exception, les sportives dans leur ensemble ont gagné de nombreuses batailles de manière parfois si exemplaire que leurs luttes ont servi la cause des femmes au sens large.
  • « Elles font face aux limites du corps » permet d’interroger le visiteur sur un autre symbole sociétal. Outre les soucis d’égalité conjoncturels, la sportive est au cœur de représentations de beauté et doit répondre aux normes qui sont celles de son sexe biologique. Tout comme les hommes, les sportives sont parfois instrumentalisées par leur pays, mais aussi par le monde sportif. Elles sont également souvent des victimes et aujourd’hui, leur parole se libère.
  • Enfin, la route se termine à Paris où, pour la première fois, 50 % des 10 500 athlètes engagés, originaires de 206 pays, devraient être des femmes. Aucun doute, « Elles nous attendent aux Jeux de 2024 » et une grande partie de l’histoire reste à écrire.
Musée national du sport
6 allée Camille Muffat
06200 Nice
tel. 04 89 22 44 00