La sécheresse d’aujourd’hui annonce la couleur de demain…
le jaune paille.
Malgré les signaux qui s’accumulent, les factures qui augmentent, la majorité d’entre nous minimise la situation et l’urgence de trouver des remèdes. En l’occurrence, il s’agit de changer nos comportements individuels, notamment dans le choix de nos loisirs comme dans celui de nos activités professionnelles sans parler de nos politiques collectives de productions agricoles et énergétiques. Mais faire preuve de sobriété, de cohérence, ne semble pas d’actualité.
Pourtant, la sécheresse 2022 s’annonce déjà historique. Elle est aussi la conséquence d’une gestion de l’eau inadaptée à la réalité de nos ressources et incohérente par rapport aux connaissances scientifiques. France Nature Environnement revient sur les ingrédients de cette sécheresse gravissime pour notre pays et vouée à se répéter dans les prochaines années. Les prévisionnistes ont placé la barre à 2050 : d’ici-là, les changements climatiques vont engendrer une baisse d’environ 25 % d’eau disponible.
Quand on parle de sécheresse, on distingue la sécheresse météorologique lorsqu’un déficit de précipitations prolongé affecte un territoire. La sécheresse agronomique affecte, elle, le développement de la végétation tandis que la sécheresse hydrologique survient lorsque les niveaux des nappes souterraines et le débit des cours d’eau diminuent ; les milieux aquatiques sont impactés et leur fonctionnement naturel est perturbé.
Les observateurs ont pu constater que l’artificialisation des sols joue un rôle primordial dans les problèmes d’eau que nous rencontrons actuellement. Les zones urbaines sont aujourd’hui largement imperméabilisées, empêchant l’eau de s’infiltrer dans le sol et donc d’aller remplir les réserves souterraines. Il en va de même pour les sols agricoles dont la surface agricole utile occupe 50% du territoire hexagonal : destruction structurale des sols, destruction des zones humides et des haies qui permettaient l’infiltration de l’eau... Un sol vivant agit comme une éponge tandis qu’un sol en mauvais état laisse glisser l’eau sans la retenir : elle gonfle les cours d’eau, provoque des inondations et rejoint les océans sans avoir le temps de s’infiltrer.
Eau potable, sécurité incendie, tourisme, refroidissement des centrales nucléaires, industrie, agriculture, hydroélectricité... Pour toutes ces activités, nous utilisons de l’eau douce. La plupart d’entre elles restituent l’eau aux milieux pas toujours de la meilleure façon possible. Réchauffée dans les centrales, polluée par les industries. Quant à l’irrigation, elle ne restitue pas l’eau, et le stockage de l’eau ne résout pas tout : évaporation, développement d’algues... Par ailleurs, l’irrigation de certaines cultures céréalières ponctionne une grande quantité d’eau aux moments les plus critiques.
Pour France Nature Environnement, la sobriété des usages doit s’accompagner d’efforts pour rétablir la production d’eau verte (eau de pluie absorbée par les végétaux). Cela passe par la restauration des écosystèmes, afin qu’ils retrouvent leurs fonctionnalités naturelles. Avec les 9 milliards € annuels de la PAC, la France aurait les moyens de soutenir une politique de sobriété et de transformation de l'agriculture, voire d’effacer les dettes des agriculteurs qui souhaitent passer à l’agroécologie mais qui sont coincés par le poids des emprunts.
[NDLR : alors que la planète brûle, les dictateurs rêvent à de nouvelles conquêtes territoriales et que 18000 personnes pendant 4 jours, piétinent le sable de La Croisette, leur portable à la main, au son des platines des DJ les plus renommés… Quant aux politiciens de nos démocraties occidentales, qui voudrait être à leur place, sachant que les seules options qu’ils ont pour sauver ce qui peut être sauver, seraient on ne peut plus... impopulaires et déboucheraient sur des crises sociales d’envergure...]
- photos (c) PCA -