Nice. Louis Nucéra, plus écrivain que cycliste,

that is the question…

A l’occasion des 20 ans de l’inauguration de la bibliothèque Louis Nucéra, la Ville de Nice présente l’exposition « Louis Nucéra, un écrivain à vélo » du 7 mai au 6 juillet 2022.


En hommage à l’écrivain niçois qui lui a donné son nom, la bibliothèque met en lumière la passion de Louis Nucéra pour le sport et en particulier le cyclisme auquel il consacra l’ouvrage « Mes rayons de soleil ». En parallèle de cette exposition, seront présentés également des objets personnels légués par la famille Nucéra au Musée national du Sport, dont un de ses vélos.

- Je suis venu au monde à l'ombre précaire d'une bicyclette suspendue entre ciel et terre. Celle de mon grand-père. Une bicyclette de marque Alcyon. J'ai voulu devenir champion cycliste, je n'ai pas réussi, mais je n'ai pas renoncé au vélo pour autant, répétait-il, comme si nul ne s'était aperçu de sa constance.

« Parfois, il grimpait, un arc-en-ciel planté dans sa musette. Il avait plu. Le firmament redevenait radieux pour lui et l'auréolait à sa manière. Il arrivait qu'il consentît au repos. Il maraudait des fruits – les figues, quand elles se fendillaient et que leur suc perlait, avaient sa préférence – et s'allongeait dans un pré, le vieil Alcyon à portée de main. Des merles et des lapins chahutaient dans les buissons, l'alouette grisollait, frémissante dans le ciel, s'apprêtant à piquer, des sauterelles lissaient leurs pattes : il regardait. 

Laisse-toi envoûter par le silence. Ça vaut le coup. Les petits bruits du vélo ne le troublent pas. On y puise émotion et réconfort. J'ai écouté son conseil. Moi aussi, j'avais voulu devenir champion cycliste, mais le mot vainqueur était trop éminent pour moi ; je ne me classais obstinément qu'au-delà de cette ligne de démarcation fatidique où les journaux parquent les ratés du peloton les et cætera ! La compétition me boudait ? Tant pis. Ma décision fut prise. Je me vouerai au cyclotourisme ! Mon grand-père ne m'avait-il pas dit avec un sourire candide : Ainsi, nous ne nous ressemblerons que mieux ? A moi désormais les routes en solitaire à travers les champs nappés de lavande, les parfums d'eucalyptus, les fenouils d'honorable stature, les forêts, la boussole infaillible de la beauté et de l'effort sertie dans le guidon.

Chaque région a sa lumière ; roches, ardoises, chaumes, tuiles, bois s'harmonisent aux nuances grises d'ici, aux nappes éblouissantes d'autres endroits. Des touches de fleurs ornent les fenêtres. La civilisation est une longue patience. Dans les jours d'euphorie, il semble n'y avoir ni vent, ni douloureux surplomb, ni erreur de braquet, ni lassitude pour les vélocement. Ils vont leur chemin et c'est un délicieux commerce avec des chérubins : ceux qui croisent par monts et merveilles. Le souffle du bonheur gonfle les poitrines et brave toute défaillance. L'infini est à portée de tous. »

Bibliothèque Louis Nucéra
2, Place Yves Klein Nice
En partenariat avec le Musée National du Sport