Les élections présidentielles : une cybercible de choix...
La chronique de David Grout, chef technicien chez EMEA de Mandiant :
- mécanismes de la cybermenace, France Culture -
« Là où l’on trouve un grand pouvoir, on trouve une grande responsabilité. »
déclarait Churchill, en 1906. Nous pouvons dire la même chose aujourd'hui pour les cybermenaces.
En avril, se tiendra la douzième élection présidentielle de la Ve République. Le prochain président de la République française jouera un rôle de premier plan sur la scène internationale et pourrait donc être une cible pour les pirates informatiques.
Lors des dernières élections au printemps 2017, Mandiant estime qu'Emmanuel Macron a été ciblé par un groupe APT russe, Sandworm Team. La fuite de plus de 20 000 e-mails liés à sa campagne, surnommée #MacronLeaks, a eu lieu deux jours seulement avant le vote du second tour. Des activités suspectes de désinformation en Russie ciblant les élections européennes avaient également été détectées plus tôt dans la même année.
Sur la base de notre compréhension historique de l'activité des menaces entourant les élections passées, non seulement en France mais aussi dans d'autres grandes économies occidentales, y compris les États-Unis, il ne serait pas surprenant de voir une activité similaire cette fois-ci.
Après son élection, la personne à la tête du pays devra également continuer à protéger le pays lui-même contre les cybermenaces. Avec les événements qui se profilent à l'horizon, comme la prise de fonction du président Macron à la présidence de l'Union européenne et l'accueil des Jeux olympiques de 2024, la France sera au centre de l'attention sur la scène mondiale.
Le nouveau président devra s'attaquer de front à ces défis - protéger les biens de l'État, les institutions et les citoyens, mais aussi soutenir et promouvoir les projets d'éducation qui permettront à la France de faire du cyber un moteur de croissance dans les années à venir.
Le monde cyber a une influence croissante et majeure dans les choix, les stratégies et le positionnement des États. La sécurisation du patrimoine informationnel français doit être une priorité forte. Nous devons avoir la capacité de comprendre la menace afin de réagir au plus vite et de limiter l'impact potentiel. Un positionnement fort en matière de cyber est aujourd'hui également un enjeu de politique internationale. Être capable de se sécuriser mais aussi de répondre à d'éventuels incidents sera un axe majeur de la prochaine présidence si elle veut faire de cette opportunité cyber une opportunité durable.
Le prochain président de la République doit donc avoir conscience que la cybersécurité est un véritable enjeu pour ce futur quinquennat, un enjeu géopolitique de stabilisation des institutions et d'influence dans le monde et un enjeu de croissance, de réduction du chômage et de transformation de notre société.
David Grout