Japon. « L'arc et le sabre » : les arts guerriers…
Organisée autour du personnage du samouraï, l’exposition se tiendra du 16 mars au 29 août 2022 au Musée national des arts asiatiques – Guimet. Elle retrace les facettes multiples de ce guerrier et de son environnement culturel : la culture aristocratique, le goût pour le théâtre nô, la cérémonie du thé ou bien la poésie, ainsi que la manière dont il est perçu, voire fantasmé ou parodié. Constituée d’estampes, d’éléments d’armures, de photographies et d‘objets d’art, la présentation met en avant la reprise de l’image du guerrier japonais par la culture populaire, illustrant la vision du samouraï dans le Japon moderne et en Occident. L’Histoire des 47 rônins, à travers la série d’estampes conservées au MNAAG, vient étayer le propos en montrant les guerriers les plus emblématiques du Japon.
- Archer japonais (kyudo), Photo extraite de l’album Views & Costumes of Japan de Stillfried & Andersen
Raimund von Stillfried-Rathenitz (1839-1911) Japon, Yokohama, ère Meiji, 1877-1880
MNAAG, fonds ancien, AP 11346 © MNAAG, Paris, Dist. RMN-Grand Palais/image musée Guimet -
Entre le 12 et le 19ème siècle, les guerriers sont placés au sommet de la hiérarchie sociale japonaise. Les seigneurs (daimyo), issus de l’élite et de l’aristocratie, cultivent les arts et le luxe. Avec la toute-puissance de l’aristocratie guerrière, la « voie du guerrier » (bushido) se développe, accordant une importance fondamentale aux lettres et à la culture, influençant la production artistique, comme en témoignent la mode des casques spectaculaires et exubérants, la pratique de la littérature et de la poésie par les shoguns, daimyos et samouraïs. La plupart des daimyos pensent de leur devoir et de leur rang d’entretenir des troupes théâtrales. La relation des samouraïs à l’esthétique se traduit aussi par un certain nombre de pratiques et divertissements aristocratiques qu’ils partagent assez largement avec les moines bouddhistes : la voie du thé (chado), la voie des bois odoriférants (kodo) et la voie des fleurs (ikebana).
Né au 14ème siècle, le nô est dès l’origine l’art préféré des empereurs, des samouraïs et des classes aristocratiques. On reconnaît un samouraï sur scène à son sabre (katana) et à son costume qui évoque un idéal de simplicité militaire et reflète le code du guerrier : droiture, courage, bienveillance, respect, honnêteté, honneur et loyauté. Au 17ème siècle, le kabuki naissant, inspiré du théâtre de marionnettes bunraku, est considéré comme un théâtre de second plan par opposition au nô. Théâtre outrancier, parfois burlesque, très coloré, multipliant les scènes de combat et les histoires d’amour, le kabuki devient très populaire car il s’adresse avant tout au peuple, se permettant une certaine liberté dans la caricature et la critique du pouvoir. En effet, le public aime voir sur scène les samouraïs et les seigneurs dans des postures parfois comiques ou ironiques.
Fondée sur des faits historiques, L’histoire des quarante-sept ronins met en scène un groupe de samouraïs sans maître (ronins) qui décident en 1703 de venger leur ancien seigneur, condamné à mort par suicide (seppuku), avant leur propre seppuku collectif. Cet acte de bravoure est considéré comme particulièrement honorable, symbole de la fidélité indéfectible de ces guerriers envers leur maître. L’ensemble des interprétations de cette histoire parfois romancée est regroupé sous le titre Chushingura (« Le trésor des vassaux fidèles »). De nombreuses pièces de théâtre sont écrites sur ce thème, dont la plus importante d’entre elles Kanadehon Chushingura. Elle devient une source iconographique importante pour les artistes de l’époque d’Edo et en particulier les maîtres de l’estampe parmi lesquels Utagawa Hiroshige, dont 15 estampes sur le sujet sont présentées dans l’exposition.
Symbole de pouvoir et de loyauté, source de fascination depuis plus d’un siècle, le samouraï fait de nos jours partie de notre imaginaire. Ce guerrier historique à l’armure complexe, maîtrisant toutes sortes de techniques de combat, a constitué une source iconographique inépuisable pour les artistes contemporains, de la bande dessinée manga au cinéma en passant par les jeux vidéo et les films animés, peuplés de personnages aux pouvoirs surnaturels et de super-héros.
- Les appartements féminins du palais de Chiyoda, Yoshu Chikanobu (1838-1912)
Japon, ère Meiji, 1884-1886, Album d’estampes nishiki-e montées en accordéon
MNAAG, achat (2012), MA 12449 © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier -