Nice. Son contournement payant pose un problème
de santé publique...
Lors d’une récente conférence de Presse, Christian Estrosi le maire de Nice, a rendu public les résultats d’un rapport sur la qualité de l’air. Il concerne plus précisément l’impact du péage de Saint-Isidore sur la santé des Niçois. Il confirme que ce péage est une source de pollution majeure pour les habitants à cause de son positionnement géographique, au pied d’une forte pente. Les freinages et les accélérations des véhicules légers et des camions sont aujourd’hui, plus encore que les motorisations thermiques, des sources importantes de polluants.
Le maire a d’abord remercier l’organisme agréé de surveillance de la qualité de l’air régional, AtmoSud, son président Pierre-Charles Maria et son directeur Dominique Robin, qui, alliés à l’Institut Français ‘Énergies nouvelles’, ont permis de rendre ce rapport très étayé :
« Le rapport que vous nous livrez confirme ce que je pressentais depuis de nombreuses années… Pendant plus de 10 ans nous avons parlé pouvoir d’achat, avec le caractère unique en France d’un contournement autoroutier payant pour une grande agglomération. Une situation complètement ubuesque, qui consiste à aligner trois péages entre Antibes, Nice et la Turbie, pénalisant plusieurs dizaines de milliers d’actifs locaux et d’entreprises du territoire. Une situation figée administrativement et juridiquement dans un contrat de concession entre l’État et la société privée Escota, renouvelé en 2005 jusqu’en 2032 ; un modèle de contrat que je considère comme dépassé, et pour lequel les services de l’État, gouvernement après gouvernement, n’ont cessé de nous exposer toutes les contraintes.
Nous n’avons pas été écoutés. Nous avions parlé sécurité, avec cette forte pente est-ouest dont on connaît la dangerosité. Nous avions parlé environnement, car comme vous l’avez rappelé dans votre présentation, il nous est apparu évident que le contournement payant dissuade les transports de marchandises et les automobilistes en transit, et conduit à accentuer les flux et les congestions en centre-ville. C’est pourtant en centre-ville que nous avons le plus d’habitants exposés aux polluants : particules fines, oxydes d’azote, soufre, ozone. Ce même centre-ville où l’État nous a demandé de prendre une Zone à Faibles Émissions. Et nous l’avons fait. Nous avons interdit la circulation des poids-lourds polluants. Nous avons prévu d’interdire les véhicules particuliers crit’air 5 en 2023.
Il est confirmé que le péage de Saint Isidore péage est une source de pollution majeure pour les habitants, à cause de son positionnement géographique, au pied d’une forte pente. Les freinages et les accélérations des véhicules légers et des camions sont aujourd’hui, plus encore que les, motorisations thermiques, des sources importantes de polluants à enjeux sanitaires. Ce sont ces critères précisément qui ne sont jamais pris en compte dans les études. Ainsi, ce péage émet à lui seul : près de 34 tonnes de CO2 par jour, soit plus de 12 400 tonnes par an ; 13 kg de particules fines par jour, soit plus de 4,7 tonnes par an ; 112 kg de NOx par jour, soit près de 41 tonnes par an. Si nous supprimions ce péage, et même avec une hausse de trafic sur l’A8 (débit de +26%), nous baisserions les émissions de manière significative tout autour, dans le périmètre de Saint Isidore, avec : -14% pour le CO2 ; -56% pour les particules fines ; -20% pour les dioxydes d’azote.
Saint-Isidore n’est pas une bretelle d’autoroute périphérique, c’est un quartier de Nice où vivent 4200 habitants. C’est aussi un pôle commercial qui attirent des centaines de milliers de visiteurs par an. Ikea, c’est 320 000 visiteurs depuis l’ouverture le 11 mai dernier, sans compter les centres Leclerc (5,5 à 6 millions de visiteurs/an) et Nice Valley. En supprimant ce péage, cette étude démontre que la diminution de polluants ne concernerait pas que les habitants aux alentours du péage, mais bien 80 000 Niçois sur la zone du centre-ville qui est actuellement la plus exposée, grâce aux reports de trafics. Cela représente 1 Niçois sur 4.
Plus globalement, au regard de toutes les études qui nous sont livrées régulièrement comme le dernier rapport du GIEC, les différentes études climatiques sur notre territoire, les risques auxquels nous sommes surexposés, il est nécessaire de reconsidérer toutes les infrastructures anciennes, à une époque où nous n’avions pas ces données. Nous nous basons sur ces études pour réorganiser notre territoire, en supprimant certains équipements en centre-ville, là où ils représentent un risque majeur.
L’étude prouve que la suppression immédiate du péage de saint Isidore représenterait, à elle seule, la totalité de l’impact d’une ZFE imposée par l’État sur les émissions de particules en centre-ville, et la moitié sur les émissions d’oxydes d’azote. En le supprimant nous avons la possibilité d’agir tout de suite et efficacement, sans attendre la possibilité de faire appel à des moyens de contrôle automatisés dans les ZFE, et sans prendre aucune mesure contraignante sur le pouvoir d’achat et la vie quotidienne.
Je vous le dis avec gravité, comme je l’ai dit par courrier à Mme la Première Ministre le 21 octobre dernier, en lui adressant les résultats de cette étude : nous ne pouvons pas attendre 10 ans de plus ! »