« Pourquoi le politique ne convainc plus ? »

Crédits:
textes par
Catégorie Les paradoxales

Éditorial de Philippe Buerch.


Au moment où les candidats putatifs fleurissent dans les sondages, où les observateurs se focalisent sur les modes de désignation des dernières écuries, il ne faudrait pas que le « folklore » électoral supplante le fond.

De toutes ces circonvolutions qui agitent les esprits, le point central du « casting » doit être capable de répondre à cette question, et d’en être l’antidote : Pourquoi le politique ne convainc plus ?

Le discrédit est profond ; les Français ne croient plus en l’efficacité de l’action publique. Dès lors, la conquête du pouvoir ne peut s’appuyer que sur la reconquête de la confiance et du sens.

Le vote est en chute libre, car l’action a été sacrifiée sur l’autel de la communication.

C’est un désaveu à tous les étages, au niveau national où le Français a du mal à comprendre pourquoi il paie toujours plus d’impôts pour moins de services publics, mais aussi au niveau régional, où le millefeuille territorial est d’une telle complexité que le citoyen ne comprend plus les compétences croisées dévolues par la décentralisation.

Il faut impérativement redonner du sens à l’action publique, flécher la dépense publique, simplifier les strates en allégeant un système jacobin omnipotent.

Cela ne se fera qu’en ayant le courage de supprimer des échelons dans les rouages du système, en redéfinissant les compétences de chacun, pour plus de réactivité, de simplicité et en revoyant le déploiement des moyens.

Les Français ne veulent pas d’une vision Jupitérienne trop centralisatrice, ils veulent du concret, de la proximité et de la flexibilité.

Le désenchantement est tel que le RN a non seulement échoué dans les territoires, mais aussi, autrefois vu comme un vote contestataire, le RN fait désormais partie du système et ne convainc pas à l’approche d’une crise sociale sans précédent.

Lui qui était présenté comme la voix du peuple ne le rencontre pas dans les urnes.

C’est dire le défi qu’il faudra relever pour parler à une France qui n’y croit plus, et qui ne se reconnaît plus dans l’offre politique : on pensait que le populisme ne faisait plus peur aux Français, la réalité, c’est qu’il ne fait plus recette.

Dans cette défiance générale et sans précédent, on voit néanmoins dans les élections intermédiaires, l’esprit de survie consistant à se raccrocher à son réflexe pavlovien ; ainsi les partis traditionnels restent alors une zone de confort ; pour autant, les Français n’y voient pas une vision pour la nation.

Dans la bataille qui s’annonce pour la présidentielle, il faudra avant tout être en capacité de reconquérir les zones de non-droits et les territoires perdus, cette France qui ne fait plus France et cette diagonale du vide qui a pris la tangente électorale !