Londres, 1967… Les « fous parleurs » de Marble Arch.

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Catégorie Les paradoxales

Au nord-est d'Hyde Park, à l'une des extrémités d'Oxford Street, existe un monument en marbre blanc de Carrare,  Marble Arch. Il s’ouvre sur un espace privilégié connu sous le nom de « Speakers' Corner ». A cette époque, des orateurs anonymes étaient autorisés à exprimer leurs idées, les plus farfelues comme les plus sérieuses dans des domaines pouvant toucher ceux de la politique, de la foi ou des croyances.


Fondé en 1872, « Speakers' Corner » est un espace de libre expression où tout un chacun peut prendre la parole librement devant l'assistance du moment. Beaucoup grimpent sur un tabouret pour arranger leur public et un panneau argumentaire…Il fallut attendre 1872 pour que le gouvernement reconnaisse le besoin ressenti par la population de se réunir en public pour donner libre cours à des discussions.

Le concept a fait école et l’on retrouve d’autre lieux de libre parole en Australie, au Canada, aux USA (First amendement zone), au Pays Bas, à Trinité et Tobago. A Singapour Il existe un Speakers' Corner, établi par le gouvernement depuis le 1er septembre 2000, au Parc Hong Lim ouvert tous les jours de l'année, de 7 heures du matin à 7 heures du soir...

J’ai passé beaucoup de temps à fréquenter « le coin des orateurs » durant l’hiver 1967. Le froid et le mauvais temps ne refroidissaient pas l’ardeur des intervenants et même si parfois le verbe était haut, je n’ai été témoin d’aucune violence. Des spectateurs qui manifestaient leurs doutes en remuant la tête ou en affichant un sourire parfois amusé… Beaucoup de tolérance pour des opinions parfois extrêmes. Sauf erreur, cet espace n’était ouvert que le samedi et le dimanche matin. Un ou deux bobbies patrouillaient, bon enfant, sans arme bien sûr… les choses ont bien changé, l’intolérance a  progressé, les policiers ont été obligés de s’armer s’adaptant bon gré, mal gré, à la violence en constante augmentation. Certains ont cru que le 21ème siècle serait spirituel ou ne serait pas. Frère Malraux, je ne vois rien venir...