Rodez. « Sous le signe du serpent »…
au Musée Soulages
Pour la première fois en France une exposition réunit l’œuvre de l’artiste français Gaston Chaissac (1910-1964) et des artistes du groupe CoBrA. Elle célébrera les familiarités plastiques, les profonds bouleversements propres à ces représentants de l’art d’après-guerre. Francs-tireurs de l’art moderne, Chaissac et les CoBrA, dans le même temps -ne serait-ce que par leur proximité avec le critique Michel Ragon- sont d’essence populaire ; leur art fait écho à la précarité, à l’enfance et à l’imagination. Leur art exalte la vie, l’invention et la spontanéité. Chez les uns une irruption, chez l’autre une durée.
Cet accrochage compte 130 peintures, dessins, collages, objets, lettres (des totems notamment) issus de collections privées majeures, de musées néerlandais. L’exposition témoigne d’une affinité étonnante entre ces artistes, pour la forme et pour le contenu. Elle privilégie les œuvres les plus novatrices. Chez ces artistes, l’intensité des couleurs en aplats associées à une énergie linéaire spontanée et créative donnent lieu à une expressivité presque magique. Bien que le nom CoBrA s’inspire des villes originaires de ses membres (Copenhague, Bruxelles, Amsterdam), il fonctionne avec une unité d’objectifs notamment politiques et poétiques.
Les CoBrA, font du social et de l’agitation politique, introduisent l’écriture dans la peinture. « Nous avons constaté que nos façons de vivre, de travailler, de sentir étaient communes ; nous nous entendons sur le plan pratique et nous refusons de nous embrigader dans une théorique artificielle ; Nous travaillons ensemble et nous travaillerons ensemble ». Les CoBrA, contemporains de Pierre Soulages, formaient un groupe qui s’éparpillera. Gaston Chaissac se déclarait en 1946 comme le « peintre rustique moderne », un créateur au cœur du monde rural. Parmi ses amis et mécènes le plus importants, l’artiste Jean Dubuffet fut captivé par le personnage et son approche plastique. Les artistes proches de corps et d’esprit de Chaissac, furent néanmoins les CoBrA. Même si il n’en rencontra aucun.
Gaston Chaissac et les artistes de CoBrA ont ainsi partagé une attitude critique envers la convention et les traditions. Ils ont écarté le savoir et l’apprentissage pour privilégier la création d’un art basé sur la source inépuisable de l’imagination. Chaissac n’a pas reçu une éducation académique, mais a retenu la capacité d’accéder aux pouvoirs primordiaux de l’intuition et de l’invention : Il devint une figure littéraire de la NRF : contes, correspondance, poèmes, chroniques… A. A.-K. / B.D.