Supprimer l’Impôt sur le revenu : une piste….
Jean-Luc Ginder, économiste et essayiste spécialiste de la macro économie ainsi que de l'économie de l’Énergie, livre ici sa recette (extraits) :
« La suppression de l’impôt sur le revenu signifie 20% des recettes de l’État afin de relancer l’emploi par la consommation. Il serait alors judicieux de s’interroger pour savoir si les 80 milliards dédiés au plan de relance de l’industrie seront utiles pour la réindustrialisation et mettre de la clarté sur les conditions d’octroi qui concernent le revenu universel en faveur des jeunes.
Notre société s’enlise dans la maladie de la bureaucratie digitalisée et invasive. Les rivalités sont attisées, les comportements schizophréniques du tout contrôle conduisent à la division, à l’isolement, à la détresse. Notre système perdrait-il la mémoire au point d’oublier notre classe moyenne qui travaille et crée, au point d’oublier qu’il est vital et urgent de permettre la relance économique.
Puisque maladie il y a, puisqu’elle nous indique là où ça fait mal, portons notre regard neuf sur ce qui ne va pas bien et interrogeons-nous sur les transformations à mettre en œuvre. Nous devons constater que l’impôt sur le revenu n’a plus de raison d’être. Il appartient à une culture de l’imposition sur le revenu qui relève d’un dogme dépassé, d’une croyance. En effet, il ne correspond ni aux flux économiques réels ni aux besoins de recettes de l’État.
Le budget sincère et sérieux présenté par le gouvernement est conscient de la hausse des matières premières énergétiques (plus de 1000 euros de hausse par ménage pour 2022 incluant les dépenses de chauffage et de carburant), de la crise des composants électroniques automobiles et de la très probable hausse des taux d’intérêts liés à l’inflation. ( 2,7% en septembre ). Le budget sert à accompagner les Français dans leur quotidien, et doit prendre en compte un déficit français qui est de l’ordre de 114% du PIB, ce qui est dangereusement élevé.
Notre regard doit se porter sur l’avenir. A l’heure actuelle et jusqu’en 2023, la dette française est achetée par la banque centrale européenne et cela signifie que nos dettes et dépenses ne coûtent rien ou très peu. Ce report d’échéance permet aux responsables d’annoncer le « plan 2030 pour l’industrie » de 30 milliards d’euros, ainsi que le nouveau « RSA jeunes » estimé à 50 milliards d’euros. Il n’existe pas de garantie de relance de l’économie réelle liée à ce que je nomme des « trous budgétaires ».
Cela n’est pas du keynésianisme qui consisterait lui, à faire le choix d’injections d’argent par l’État dans de grands investissements nationaux avec l’intention de soutenir l’économie. Il semble qu’on a présenté aux Français un vrai budget politique sincère mais un faux budget économique qui ressemble à la fin du pacte de stabilité.
L’impôt sur le revenu est la recette la plus symbolique. Elle se chiffre à 75,7 milliards en 2020 – cet impôt est payé par 17,1 millions de contribuables soit 43 % des foyers fiscaux français. A titre de comparaison, la TVA représente 123 milliards des recettes budgétaire en France.
Keynes avance la théorie que le marché ne s’autorégule pas, n’assure pas le plein-emploi et que l’intervention de l’État est nécessaire pour relancer une économie. Il est donc probable que si nous laissons les citoyens faire un usage naturel de l’énergie de l’argent, nous obtiendrons de meilleurs résultats que si nous soumettons ces mêmes citoyens à un dirigisme étatique imparfait au cours d’une phase de récession.
L’État, en pensant faire du keynésianisme social, opte pour des dépenses d’État fortes et donc sur un impôt sur le revenu trop fort au regard de la situation. Il s’agit en réalité de l’anti-keynésianisme qui s’avérera être contre productif sur un fond de dette à 114% du PIB.
Pousser la croissance, c’est laisser leur argent à ceux qui le gagnent. La suppression de l’impôt est un acte vertueux et en aucun cas anti-social. Nous n'avons jamais connu une crise de ce type et elle se caractérise par une crise de l’offre et de la demande. Le travail va devenir un produit rare, les entreprises vont être impactées. La pauvreté s’accélère et il va falloir financer l’unité solidaire par un revenu minimum vital. Il faudrait aussi prélever une taxe Covid-19 sur les mouvements et les marchés financiers… L’économie pourrait alors reprendre
Il est intéressant de noter que les Français sont soumis aux prélèvements publics les plus élevés du monde (2ème position mondiale en 2021) et que nous sommes parmi les dépenses publiques les plus élevées du monde. Si nous nous retrouvons sous peu avec une croissance faible, une dette de plus en plus élevée, cela risque d’être fatal avec des taux des banques centrales montants poussés par l’inflation.
En effaçant l’impôt sur le revenu, en maintenant les autres impôts et taxes en France, on laisse (au lieu d’injecter) 80 milliards d’euros dans l’économie réelle française. On soutient par conséquent la consommation et on limite les dépenses. L’enrichissement immédiat de tous les Français autorise la relance de l’économie sur une longue période (et non le court terme des dépenses) et diminue la montée de la dette française en nous protégeant d’une montée des taux des banques centrales.
En réduisant les risques de tensions sociales, en protégeant les Français d’une hausse du coût de la vie, nous optons pour une reprise économique indispensable par la consommation, l’épargne, l’investissement des Français dans leur économie. Il est question de se tourner vers une économie de la cohérence, du respect, de la bienveillance et de la compétence. La société qui se dessine va réapprendre la valeur des choses, la qualité des produits, la valeur ajoutée de l’économie réelle qui ne se disperse plus dans des calculs fondamentaux mondiaux. C’est permettre le bon sens citoyen. »
Jean-Luc Ginder