Le bloc Européen : un instinct de survie ou la promesse d’un eldorado ?

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Éditorial signé Philippe Buerch.




Toute la faiblesse de nos nations européennes vient d’un réflexe individualiste qui a fait de l’Europe un outil idéologique pour garantir la paix des esprits et une usine technocratique pour garantir la norme. Aujourd'hui il parait évident que ce destin réducteur n’est pas suffisant pour tenir tête aux grandes puissances, telle que la Chine, les États-Unis ou encore la Russie jouant l’arbitre des élégances.

Nous entretenons une politique du bras de fer consistant à affirmer nos suprématies respectives à coup de taxes et de blocus, un leurre économique qui vient de prouver ses limites. En effet, la pandémie du Covid-19 a été un véritable électrochoc pour les Européens dans leur trop grande dépendance vis à vis de nations souveraines tant en terme économique que logistique. Il est évident pour tous, qu'il est désormais plus que jamais nécessaire de relocaliser nos entreprises pour être autonome dans des secteurs d’activités cruciaux qui nous mettent tout simplement en péril par notre incapacité de développent structurel.

La réponse à cette impérieuse nécessité ne peut se faire que dans un parfait équilibre européen axé sur un deal entre les nations concernées, garantissant à chacun, libre accès et échange entre les pays de l’UE sans aucune close de préférence ou de privilège de production. En effet, il ne s’agit pas d’être indépendant vis à vis de puissances majeures pour s’imposer des contraintes entre partenaires au sein de l’UE. De surcroît, cette indépendance ne peut s’acquérir qu’en respectant la balance commerciale européenne et en ayant pleine connaissance des risques économiques et géopolitiques qu’entraînent tout changement de cap. Pour cela il faut envisager l’Europe non seulement dans sa capacité de protection mutuelle des États, mais aussi, et surtout, en envisageant qu’elle est également une puissance d’intérêts communs.

Ainsi le projet de la route de la soie faisant de l’Europe le premier partenaire commercial de la Chine était un moyen de rééquilibrer les forces : « en s’alignant économiquement avec les Chinois, cela éloignait une captation des marchés par les États-Unis, qui, s’ils s’appuyaient sur la Chine, feraient de cette fusion économique une “supra-nation“ dont la suprématie rendrait l’Europe vulnérable ». Aussi ce quasi échec de la route de la soie, tout comme celui de l’Union pour la Méditerranée, rend plus que jamais vital que l’Europe fasse bloc entre ses États membres pour s’imposer en puissance capable de s’émanciper mais aussi de dominer économiquement les marchés.

Pour cela elle doit avoir une vision à long terme, indépendante des hommes actuellement au pouvoir et des politiques actuellement menées, devant s’inscrire dans une stratégie de consensus au présent menée dans une démarche de développement et d’accords tout au long des décennies futures. L’Europe envisage aujourd'hui un plan de sauvetage, alors qu'il lui faut envisager un plan d’avenir ambitieux. Au-delà de la nécessité de panser les plaies de la pandémie, il lui faut sceller les briques de la grande construction européenne en tant que Nation Unique !

Me Philippe Buerch, président de l’association Agir en politique.