Les mega centres commerciaux ne font plus florès…
ni même en odeur de sainteté.
- Europa City -
Force est de constater que le modèle nord-américain est en perte de vitesse et que la désertification des centres-villes qui en est la conséquence pose problème. Le projet pharaonique d’Europa City et son abandon, illustre bien la situation et les positions des pour et des contres. Le notaire cannois, Philippe Buerch, enfonce le clou :
Il y a dans cette actualité bien plus qu’un renoncement politique qui marque les atermoiements des grands projets structurants, il y a dans cette annonce la confirmation d’une mutation des esprits vers une nouvelle philosophie de vie. Les méga-complexes dont la France rêvait pour accéder à son eldorado du consumérisme à l’instar de ses voisins outre atlantique dont les malls démesurés érigés en temple du « Je consomme, donc Je suis » - qui ont été abandonnés par les grandes marques, désertés par les jeunes et qui sont devenus aujourd'hui des zones fantômes, victimes de l'explosion du commerce en ligne et des nouveaux modes de consommation - ne font plus fantasmer personne.
L’attractivité des projets se mesure aujourd’hui dans la capacité de remettre de l’humain au cœur du développement, ceci avec une notion prégnante de bien vivre, bien être étroitement liée à l’activité économique, dont on envisage qu’elle s’inscrirait non pas dans l’extension des territoires mais dans le renforcement du bassin de vie de toute une région, remettant la proximité comme préalable de toute idée.
L’appétence de la société pour l’économie verte, restructure également la pensée, changeant ses modes de consommations, de loisirs et de socialisation, ainsi dans l’inconscient collectif, la bétonisation a un impact négatif sur le marqueur environnemental mais aussi sociétal.
Les infrastructures commerciales, professionnelles sont repensées en tiers lieux ouverts sur l’autre dans une volonté de rompre avec l’individualisme mercantile, le capitalisme doit désormais être vertueux, il doit offrir un épanouissement collectif dont le gain profite à des valeurs communes.
Bâtir des infrastructures commerciales dont le seul but est de créer de l’emploi dont personne ne peut assurer la pérennité sans que l’on puisse y conditionner une réelle démarche évolutive qui traduise une volonté plus structurelle d’y accompagner l’humain dans une perspective trans-générationnelle, n’est plus envisageable dans notre société.
Les malls, qui aux États-Unis ont contribué au développement des suburbia - banlieues blanches américaines - sont vus en France comme un phénomène inversé où la consommation de masse serait offerte en guise d’un nouveau renoncement d’inclusion des zones délaissées, des structures vouées à péricliter car elles ne s’inscrivent pas dans un idéal commun, mais ne sont faites que pour répondre à la bonne conscience du moment.
Le cas d’Europa City parle aux territoires qui chaque jour mènent une politique inclusive pour maintenir leur attractivité en inscrivant leur démarche dans le temps long ; pour ne pas commettre les erreurs du passé où ce qui a été présenté comme une fulgurante révolution économique a vidé les centres-ville, tué toute proximité et a fragmenté le tissu social de beaucoup d’agglomérations, détricotant ainsi la trame économique de bien des régions.
- Open Sky -
[NDLR : tout au long de la bande côtière des Alpes-Maritimes, la Côte d’Azur n’a pas échappé au phénomène. Urbanisation délirante et incohérente, massacre architectural, nombre indécent et injustifiable de zones commerciales, elle s’étouffe elle-même, au risque de perdre une partie de son attractivité. Depuis la construction dans les années soixante d’un des plus grands centre commercial de France, Cap 3000, leur multiplication a créé de nombreux effets collatéraux aux conséquences prévisibles et très visibles aujourd’hui. Curieusement, si certains en ont pris conscience, les projets continuent à fleurir avec leur florilège d’arguments habituels, notamment l’emploi et les taxes collectées par les communes…
Les politiques ont sur ce sujet une attitude ambiguë qui, si d’un côté ils se félicitent de la venue de nouveaux commerces sur leur territoire et de l’autre, commencent à s’inquiéter des impacts négatifs sur l’environnement. On a vu ainsi avec une certain étonnement amusé, le président du Conseil départemental, Eric Ciotti, s’inquiéter de la sur-urbanisation commerciale de la plaine du Var qui serait selon lui l’œuvre de son meilleur ennemi, le maire de Nice et président de la Métropole, Christian Estrosi. Ce dernier semblant d’ailleurs, à la veille d’échéances électorales, découvrir les vertus de l’écologie et de la défense de l’environnement… Plus loin, à l’ouest du département, plusieurs méga-projets ont été retoqués, voire abandonnés. Reste celui, sis sur le territoire de la communauté d’agglomération antiboise, Open Sky. Il est fortement contesté par le public et les associations mais ardemment défendue par Jean Leonetti le président de la CASA tandis que le maire de Cannes, David Lisnard, est sur ce dossier très critique, comme il l’avait été à propos d’un autre projet sur la commune de Pégomas, Le Village des marques. Plus modeste, l’extension , de Géant sur la commune de Mandelieu, en plein dans une zone… inondable. Projet découvert inopinément lors du dernier MIPIM...]