La Société Générale dans le viseur des ONG...
Depuis ce matin vendredi et pendant deux jours, des conférences pirates sont organisées au sein des agences de Société Générale dans plusieurs villes de France par les activistes d’Action Non Violente COP21 et des Amis de la Terre. Une méthode de désobéissance civile non-violente originale pour dénoncer les soutiens massifs de la banque au gaz de schiste et l’appeler à se désengager du projet Rio Grande LNG aux États-Unis.
- photo © Baptiste Soubra -
C’est une véritable conférence qui s’est tenue ce matin à Paris dans l’agence centrale de Société Générale : une table-ronde à laquelle six intervenantes, parmi lesquelles la représentante de communautés impactées Bekah Hinojosa, venue des États-Unis, la députée Mathilde Panot, des porte-paroles d’ONG et de partis politiques comme Léa Balage El Mariky, ont exposé les conséquences d’une finance addicte aux énergies fossiles, devant un public d’employés et de clients présents dans l’agence. Une scène similaire s’est reproduite à Grenoble en début d’après-midi, et plusieurs de ces « conférences pirates » sont prévues sur les journées de vendredi et de samedi.
Entourés des messages « Oudéa - Trump : même combat contre le climat ? » et « Rio Grande LNG : l’avenir de Société Générale à + 5 °C », les conférenciers ont ainsi démystifié la communication de la banque, parmi les premières à financer le développement du gaz de schiste en Amérique du Nord, et qui prétend pourtant œuvrer pour le climat. « Depuis des mois, nous interpellons par tous les moyens à notre disposition la direction de Société Générale pour qu’elle se retire du projet Rio Grande LNG, clé de voûte de l’expansion du bassin permien aux États-Unis [qui s’étend sur l’ouest du Texas et le SE du Nouveau Mexique], premier bassin de gaz et pétrole de schiste du monde. L’exploitation toujours plus intensive de ce seul bassin pourrait consommer 10 % du budget carbone mondial disponible pour rester sous le seuil de 1,5 °C de réchauffement global. La Société Générale et son directeur Frédéric Oudéa ont le doigt sur le détonateur d’une véritable bombe climatique. Malgré tout, ils restent sourds aux constats scientifiques et appels de la société civile, préférant faire le jeu de la politique climaticide de Trump. C’est cette réalité que nous venons révéler au grand jour dans les agences de la banque, pour expliquer la responsabilité active du gaz dans le dérèglement climatique, et la responsabilité de Société Générale », explique Lorette Philippot, des Amis de la Terre.
Le directeur général de Société Générale, Frédéric Oudéa, s’est engagé à décider d’ici la fin 2019 s’il maintiendrait ses soutiens à Rio Grande LNG et mènerait le financement du projet, pour lequel le gouvernement américain vient de donner son feu vert. Trois de ses concurrentes, BNP Paribas, Crédit Agricole et Crédit Mutuel, ont déjà confirmé qu’elles ne soutiendraient pas le projet toxique . « Société Générale osera-t-elle rester la seule banque française à nous précipiter vers le chaos climatique et à faire le jeu d’un président qui vient de sortir officiellement son pays de l’Accord de Paris ? Il est inacceptable qu’une banque française appuie sur l’accélérateur du dérèglement climatique : non seulement la banque doit se retirer du projet, mais de plus l’État doit prendre des mesures pour réguler l’activité des banques et permettre notamment la fin de leurs soutiens directs et indirects à l’expansion sans limite des hydrocarbures de schiste et de toutes les énergies fossiles », estime Marie Cohuet d’Action Non-Violente COP21.