Antibes. Le Prix Jacques Audiberti remis à un démocrate arabe…

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Le Prix Littéraire 2019 Jacques Audiberti a été attribué à Alaa El Aswany. Né en 1957, c’est un écrivain renommé du monde arabe. Son premier roman « L'Immeuble Yacoubian », qui se déroule au Caire est publié en 2006. Il est devenu un véritable phénomène éditorial international et a notamment été porté à l’écran.



- Didier Van Cauweleart, Marie-Louise Audiberti, Jean Leonetti, Alaa El Aswany -

 

Pour le maire d'Antibes, Jean Leonetti, le Prix Audiberti serait l’antichambre d’une plus large reconnaissance nationale. Une bonne nouvelle pour celui qui a déjà reçu une quinzaine de prix internationaux et qui vit maintenant aux États-Unis où il enseigne la littérature. Pourtant, interrogé par la presse après avoir été présenté par le président du jury Didier Van Cauweleart, il a davantage été question de politique et de religion que de littérature. Dommage, car ce n’est pas la moindre de ses qualités.. Mais la pression exercée par l’actualité est telle que cela eut été une erreur de ne pas profiter de la présence de l’auteur pour en parler.


Car l’homme sait de quoi il parle. En proclamant son aversion contre les dictatures et l’extrémisme religieux, il a irrité nombre de ses compatriotes et soulevé l’ire des autorités politiques, militaires et religieuses de son pays, l’Egypte. Il n’y est plus d’ailleurs le bienvenu et risquerait de perdre sa liberté s’il y retournait. Son dernier livre « J'ai couru vers le Nil », publié en français l'an dernier, est interdit dans les pays arabes, sauf la Tunisie, le Maroc et le Liban. Le fait qu’il fut l'un des membres fondateurs du mouvement d'opposition « Kifaya » - Ça suffit, en arabe - ne faisant rien pour arranger son cas...


Pourtant, l’auteur s’efforce d’avancer avec prudence dans les dédales que le force à emprunter une censure latente dès qu’il s’agit de parler de tolérance, de l’espoir que représente pour son pays la jeunesse. Mais, s’il est « facile d’être défenseur de la démocratie dans un pays qui la pratique », ce n’est pas le cas en l’Égypte et dans combien d’autres États dans le monde aussi. Pour Didier Van Cauweleart, « C’est avec du cœur, sans jamais être didactique ni donneur de leçon » qu’Alaa El Aswany décrit et s’étonne : « comment est-on passé d'une société dite moderne et ouverte d'esprit à une société souvent décrite comme intolérante ? » Quant au phénomène de l’islamophobie, il n’a selon lui, pas lieu d’être dans une société où les équilibres sont respectées… Sans doute un petit clin d’œil à l’attention de ses amis français et américains.




- son dernier livre « Le syndrome de la dictature », sera publié d’ici quelques semaines en Grande-Bretagne. Étonnons-nous avec lui de cette gouvernance qui parait être une constante dans la façon dont les collectivités humaines fonctionnent depuis des millénaires sur tous les continents, à des degrés variés certes… de ce besoin aussi de créer des Dieux, inspirateurs d’autres formes de dictatures…