La « malbouffe » : entre plaisir et honte...
Une étude Ifop pour Naturasante.fr révèle l’attitude ambiguë des Français sur le sujet controversé de la malbouffe. Elle a été réalisée du11 au 12 juillet dernier auprès d’un échantillon de 1 030 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Elle montre entre autres que si les Français sont peu nombreux à résister aux charmes de la malbouffe, celle-ci suscite souvent un sentiment de honte – notamment chez les femmes – au point que certains en viennent même à en dissimuler la consommation à leurs proches. Extraits :
La quasi-totalité des Français admettent se laisser aller régulièrement ou occasionnellement à manger des produits pourtant jugés néfastes sur le plan diététique comme les chocolats, les glaces, les frites ou les pizzas. Symbole par excellence de la malbouffe importée des États-Unis, le hamburger reste quant à lui un produit de consommation courante pour 85% des Français, sachant que s’il a su se renouveler et quitter l’univers déclassé et populaire des fastfoods, il n’en reste pas moins un produit tiré par les jeunes.
Malgré le feu de critiques essuyé depuis des années en raison de leur impact sur la santé et l’environnement, les pâtes à tartiner comme le Nutella ne sont pas pour autant boudées par les Français : plus des trois quarts d’entre eux en mangent régulièrement ou occasionnellement.
In fine, de tous les produits associés à la malbouffe, ce sont les kebabs qui sont les moins consommés par les Français, 28% d’entre eux n’en mangent jamais, sans doute parce qu’en plus d’être hyper caloriques, ils ne sont pas toujours rassurants en ce qui concerne le respect des normes sanitaires
Cette étude montre aussi que le succès de la malbouffe ne repose pas que sur le côté pratique ou bon marché qui peut être associé à certains de ses symboles : la consommation de ces produits souvent chargés de substances très addictives (sucre, sel, graisse…) apparaissant très corrélée au plaisir qu’elle procure dans le cerveau humain. C’est particulièrement net en ce qui concerne les chocolats ou les glaces dont la dégustation s’inscrit souvent dans des petits moments de « plaisir » encore légitimes socialement malgré leur fort apport en sucre. Mais c’est aussi le cas pour des plats beaucoup plus critiqués comme les frites ou les pizzas qui suscitent un fort taux de satisfaction culinaire malgré leur apport en graisse.
Seule exception à la règle : les plats préparés, surgelés ou en conserve qui constituent l’aliment de type « malbouffe » qui suscite le moins de plaisir (5 %) mais pas le moins de consommation (83 %), confirmant par-là l’idée selon laquelle leur succès repose plus sur leur côté pratique que sur leur qualité gustative.
Une des autres surprises de l’enquête est qu’elle montre que les femmes semblent ressentir plus de plaisir que les hommes lorsqu’elles s’abandonnent à ce genre de mets, sans doute parce qu’il s’agit pour elles d’une expérience à la fois plus rare et plus transgressive au regard des normes de minceur qui pèsent toujours beaucoup plus sur la gent féminine que masculine.
Tous les produits associés à la malbouffe ne suscitent pas le même niveau de culpabilité. Et parmi ceux qui suscitent le plus de honte, il est intéressant de noter que ce sont les pâtes à tartiner qui génèrent le sentiment de culpabilité à la fois le plus fréquent (15% ont « souvent » honte en en mangeant) et le plus répandu (38%). Cet élément s’explique sans doute par l’image négative de la marque de pâte à tartiner la plus connue (Nutella), décriée depuis des années à la fois pour son impact sur la santé (environ 50% de teneur en sucre) et sur l’environnement (environ 20% d’huile de palme). Par ailleurs, suite aux « émeutes du Nutella » survenues en janvier dans plusieurs supermarchés de communes populaires, il est possible que la consommation de cet aliment soit désormais associée à un comportement alimentaire typique des milieux défavorisés incapables de s’affranchir du discours des marques de produits industriels.
Cette culpabilité liée à des choix alimentaires transgressant les normes « d’alimentation saine et équilibrée » se traduit même par des comportements de dissimulation : plus d’un Français sur cinq admettant avoir déjà dissimulé à ses proches sa consommation de produits de type malbouffe. Et cette dissimulation affecte particulièrement la consommation de sucreries, en particulier chez les jeunes qui peuvent sans doute ne pas vouloir assumer le caractère régressif et enfantin associés aux bonbons. CQFD