Vers un registre unique européen des entreprises ?
Une tribune de Jérôme Tarting, PDG de Clic Formalités.
« Depuis juin
2017, les registres du commerce ou des sociétés de tous les pays de
l'UE sont interconnectés, permettant une recherche d'informations au
sujet des entreprises enregistrées dans tous les pays de l'Union
Européenne. On y retrouve également les données relatives aux
succursales étrangères et les opérations de fusions
transfrontalières. Ce système nommé BRIS (système
d'interconnexion des registres du commerce ou des sociétés) a été
déployé par les gouvernements des États membres de l'UE avec la
Commission Européenne. Mais il ne s'agit en rien d'un registre
unique et il faut continuer à croiser toutes les données, les
sourcer, les recouper.
La France, elle, s'apprête
à une petite révolution en la matière, plus poussée que l'Europe,
en fusionnant les différents registres et répertoires RCS, RM,
SIRENE, en un seul “registre unique des entreprises” par
Ordonnance, dans le cadre de la loi PACTE qui sera examinée en
Conseil des Ministres, le 20 juin prochain.
L'objectif
est d'éviter la multiplicité des registres pour une entreprise et
d'améliorer l'accessibilité et la transparence des DATA. Par
ailleurs, la disparition de la notion de gestion territoriale des
fichiers entraînera de fait, la naissance d'un fichier unique
national. La mesure vise à simplifier les formalités des
entreprises, diminuer les frais et faire entrer les différents
acteurs du formalisme juridique public dans la dématérialisation
totale.
L'Union Européenne, dont le principe repose
sur la libre circulation des personnes, des capitaux, des biens et
des services pourrait bientôt y ajouter les données non
personnelles. En effet, le 4 juin dernier, la commission du marché
intérieur de l'Union Européenne a approuvé les règles assurant
leur libre circulation.
Les députés veulent
supprimer les restrictions géographiques sur le stockage et le
traitement des données à caractère non personnel. Ce qui
permettrait aux entreprises et aux administrations publiques de
stocker et de traiter des données de même nature, n'importe où
dans l'UE.
Ce projet va ouvrir la voie à
l'intelligence artificielle, au cloud et à l'analyse des
mégadonnées. Donc lever le protectionnisme des données qui peut
actuellement peser sur l'économie numérique. Quant aux données
personnelles, elle sont protégées par le RGPD entré en vigueur le
25 mai 2018.
Mais il manque un étage à la fusée.
Plus que l'interconnexion des registres des entreprises rendue
possible par BRIS et la libre circulation des données non
personnelles, c'est à un registre unique des entreprises que
l'Europe doit réfléchir. Car sans harmonisation entre les pays
membres, la volonté de transparence et de simplification, risque de
se complexifier. Les mesures ne feront que s'accumuler ou se
chevaucher sans résultat concret, avec des pans de l'économie
dématérialisée et digitalisée et d'autres non.
Pour
y parvenir, la base de travail pourrait être l'European Business
register (EBR), actuellement constitué sous la forme d'une
coopération technique informelle entre des registres nationaux ou
régionaux du commerce de 17 Etats membres de l'UE et de 5 autres
pays ou territoires européens. Ce réseau de registres du commerce -
dont l'objectif est de fournir des informations fiables aux
entreprises de toute l'Europe (forme juridique, siège social,
représentants légaux, etc.) - pourrait alors devenir un véritable
registre unique européen des entreprises. Le débat est lancé. »
Jérôme Tarting
PDG de Clic
Formalités