Nice : une énième polémique à propos d'une énième mosquée…

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Il fallait faire preuve de beaucoup d’angélisme ou d'inconscience pour ne pas anticiper ce qui arrive aujourd'hui. Une population de culture musulmane en constante expansion ne pouvait que réclamer davantage de lieux pour pratiquer le culte. Moins prévisible sans doute, la montée en puissance du salafisme et des sympathisants au djihad et à l’extrémiste religieux, avec en toile de fond des exigences de plus en plus nombreuses découlant de la charia : soins aux femmes dispensés par des médecins femmes, créneaux spéciaux dans les piscines et salles de sports, menus halal dans les cantines des crèches et des écoles, port du voile en toute circonstance…


Ainsi la nouvelle polémique sur l'implantation d'un cente culturel et… cultuel dans un quartier de Nice, sent le réchauffé et le combat d'arrière-garde. Puisque l'on ne peut plus faire grand-chose, on agite le torchon, rouge de préférence. Dormez braves gens, nous veillons au grain !


Nous nous retrouvons donc encore une fois devant les prises de position du représentant de l’État, le préfet Adolphe Colrat, chargé l'appliquer les consignes gouvernementales, face à celles d'un élu de proximité (enfin moins, depuis que Christian Estrosi est président la région Paca et en passe de démissionner de ses fonctions de maire).


Le premier met en exergue le fait que « ... l’ouverture d’un tel équipement, attendu depuis des années, serait à l’évidence un signe de reconnaissance, de valorisation et de fierté pour les Niçois de confession musulmane, dans un contexte reconnu de manque dans l’ouest de la ville de lieux de culte adaptés, modernes et dignes. Le représentant de l’État est particulièrement attentif à ce que nos compatriotes de confession musulmane bénéficient d’une égalité des droits s’agissant de l’exercice du culte. Aucune opposition de principe à l’ouverture d’un établissement cultuel ne serait donc recevable. »


Il précise plus loin : « Compte tenu de la qualité indiscutable du nouvel équipement, qui serait susceptible de devenir un des lieux de référence pour le culte musulman dans les Alpes-Maritimes, il est attendu qu’il soit l’expression exemplaire d’un islam de France pleinement respectueux des lois et des valeurs de la République, apte à dialoguer dans la confiance avec les représentants des pouvoirs publics. »


Faisant preuve de prudence, le préfet des Alpes-Maritimes, assortit néanmoins son accord de conditions. Cet équipement ne devra dépende en aucune façon d’une influence étrangère, que ce soit sur le plan de la propriété des locaux, du financement, ou de la doctrine religieuse. Aussi que sa gouvernance s’inscrive clairement dans le cadre de la loi de 1905, en y associant la collégialité représentative du culte musulman à Nice et dans le département, faisant ainsi de l’Institut un équipement pleinement représentatif d’un islam départemental unitaire. 


Mais pour Christian Estrosi ce n'est pas suffisant et dans un communiqué de presse, il s'élève contre l'attitude du préfet qui ne respecterait pas les termes de l'enquête publique et les conclusions du commissaire enquêteur. Il va même beaucoup plus loin arguant que c'est un secret de polichinelle : ceux qui ont contribué dans l'enquête publique à prioriser le lieu de culte sur la crèche, ne sont pas niçois mais résidents à l'ouest du département et ont été amenés par bus affrétés par les porteurs du projet. 


Plus grave encore le maire affirme que le « Gouvernement sait que le local dans lequel est implanté ce lieu de culte est la propriété d'un ministre d'Arabie Saoudite et plus précisément celui des cultes et de la propagation de la foi. Il faut savoir que cette personne prône la charia dans un état religieux wahhabite proche du salafisme. Il avait d'ailleurs déclaré en 2013 qu'il fallait détruire les églises de la Région arabique afin de préserver les lieux saints musulmans. Sans même parler (en fait il en parle), des problèmes de stationnement qu’immanquablement il y aura dans un quartier sur-densifié.


Pour contrer ce projet, Christian Estrosi avait pris soin de monter un dossier parallèle concernant la construction d' « Un pôle petite enfance » et de le mettre en compétition avec le centre musulman. Il a eu le tort de s'y prendre un peu tard, le représentant de l’État allant logiquement au projet sur le point d’aboutir. Celui de l’Institut En-Nour bénéficie incontestablement de l’antériorité chronologique. Sa création a été conduite, selon le préfet, dans la légalité et les travaux ne présentent pas d’irrégularité réglementaire...


Chaque parti campe sur ses positions. La suite sera, n'en doutons pas, judiciaire.