Toits et terrasses :
une belle opportunité pour du solaire et des jardins aussi...
Sans doute plus facile à dire qu'à faire, c'est néanmoins une piste de travail à approfondir dans la perspective de la crise énergétique due à l’épuisement progressif des ressources traditionnelles et de la consommation mondiale qui ne cesse de progresser à la vitesse de notre... gourmandise et d'une démographie incontrôlable.
Les toits plats de New-York ont été les premiers à faire parler d'eux. Investis par quelques bobos écolos, on y a d'abord planté du gazon, puis des fleurs et maintenant des légumes… À quand des ruches, un élevage de moutons ? Premier avantage de cette végétalisation, offrir une meilleure isolation thermique, renvoyer aussi la chaleur vers le ciel, fixer du carbone et certains polluants dans les plantes, retenir l’écoulement d’eau lors des fortes pluies... Mais ce bilan positif ne s'arrête pas là. Les espaces récupérés et récupérables au-dessus de nos appartements permettraient de nourrir une partie de la population et de lui fournir un apport d'énergie supplémentaire. Une véritable poire pour la soif…
Le Législateur semble avoir été sensible à cet argumentaire. Ainsi, la loi du 17 mars 2015 sur la biodiversité oblige dorénavant les centres commerciaux à installer des toitures végétalisées ou à produire de l'énergie sur leurs toits. Ce nouveau créneau n'en est qu'à ses prémices. Une des premières à se pencher sur ce sujet et y apporter quelques éléments pratiques, Brigitte Bonello et son entreprise « Init environnement » spécialisée dans la recherche et la formation pour la transition écologique de l'habitat.
Partant de l’existant, l'utilisation des toitures tout solaire ou tout végétalisation, elle a eu l'idée de réunir les deux. Elle travaille aussi à faire bouger les lignes car par exemple, en raison des problèmes liés aux assurances, les toitures végétalisées ne pouvaient accueillir qu’un seul type de plante, les sedums. Cela a engendré des toitures au tapis uniforme, souvent rougeâtre. Une végétation participant peu au développement de la biodiversité et à ses bienfaits.
Pour Brigitte Bonello, « les toitures végétalisées s’abordent aujourd’hui avec une nouvelle conception : imiter la nature pour tendre vers un équilibre naturel et le retour d’un écosystème. Grâce à un substrat plus épais, une diversification des espèces végétales, la création de reliefs et de petits abris pour accueillir des petites espèces de la faune sauvage, les toitures végétalisées deviennent des zones favorables à la biodiversité. »
Brigitte a développé son propre concept : le toit « BioSolaire » qui présente l’avantage d’améliorer l’inertie thermique et hydrique de la toiture en protégeant et réintroduisant de la biodiversité, tout cela en produisant de l’énergie. Ainsi, son projet « BioSolarRoof » reprend un ensemble de thèmes au cœur des préoccupations actuelles : la santé, le bien-être, l’énergie, l’équilibre des écosystèmes, l’utilisation intelligente de l’énergie. L'installation de panneaux photovoltaïques crée des zones ombragées et des taux d’humidité différents, favorables à la diversité végétale et à la faune. Sur le principe de symbiose, la végétalisation optimise la production d'énergie solaire. L'évapotranspiration des plantes permet en effet de refroidir les panneaux photovoltaïques et d’augmenter leur efficacité durant la saison chaude, en printemps et en été.
La mise en pratique dans des copropriétés et établissements publics sera lente et compliquée. Il y a les règlements d'urbanisme, les RI, l'accès aux toits pour tous (ou pas), la charge qu'ils peuvent supporter... Cela ne doit pas décourager les bonnes volontés. L'occupation de ces espaces dans le contexte actuel et les perspectives futures en font une quasi nécessité. Vive le small is beauitful et l'agriculture de proximité qui, paradoxe, ont été d’abord médiatisés par les... Newyorkais.
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Pour faire connaître les techniques utilisées, Init Environnement invite Nathalie Baumann, écologue, chargée de l’organisation et l’exécution de toitures végétalisées et toits Biosolaires pour les villes de Lausanne et Bâle, organise durant le mois de septembre différents rendez-vous . Les 6, 7, et 8 septembre (à Bidart - Pyrénées Atlantiques) : formation à la conception de toitures BioSolaires. Destinées aux métiers de l’horticulture et du paysage mais aussi du bâtiment, ces sessions de formation aborderont la conception, le choix des plantes et substrats, les techniques de mise en œuvre et l’entretien des toitures végétales. Elles apporteront également la preuve que la nécessité de reverdir les villes et bâtiments peut amener beauté, gaieté et vie... et lorsque l’on sait ce que deviennent nos abeilles, ce n'est pas rien !