Côte d’Azur : haro sur la taxe à 2 pourcent dans l'hôtellerie...
Les professionnels de l’industrie et du tourisme ont été prompts à réagir au sujet de cette nouvelle taxe proposée par le gouvernement et qui toucherait les hôtels de luxe. Chaque nuitée dans un établissement de plus de 4 étoiles verrait ainsi son prix ponctionné. Libre à l’hôtelier de répercuter le montant de cette taxe ou pas sur le prix de la chambre. Sur une chambre de Palace à 1000 €, cela représenterait ainsi 20 € ; hors saison un quatre étoile propose lui des chambres à 200 €, ce qui met donc la taxe à 4 €. Alors, une tempête dans un verre d’eau ?
La TVA à 19,6 % sur les billets d’entrée dans les parcs à thèmes au lieu de celle à 5,5 % actuellement appliquée, a été abandonnée sous la pression des membres mêmes de la majorité gouvernementale. Pourtant, cette initiative destinée à trouver de l’argent, relevait aussi de la volonté de se défaire d’une de ces niches fiscales que tout le monde dénonce hormis les… bénéficiaires qui font sonner le clairon de leurs représentants au Parlement et au Sénat. Car ce qu’on ne dit pas trop haut, c’est que les parcs à thèmes si chers à Philippe de Villliers, sont avantagés sur leurs concurrents tels les parcs aquatiques qui eux sont taxés à 19,6 %. Ce qui n’a pas empêché le fondateur du Parc du Puy-du Fou de se déclarer, grandiloquent, « indigné, révolté ».
L’augmentation de la TVA sitôt abandonnée, nos technocrates nationaux (j’espère que je ne vais pas être traîné en justice par les membres éminents de cette caste, référence à l’affaire Marleix/Placé…) se sont creusés la cervelle et n’ont pas trouvé mieux que de s’attaquer à la clientèle à priori friquée des grands hôtels, se disant sans doute que quelques dollars de plus ou de moins passeraient inaperçus pour des gens habitués à payer le petit déjeuner 35 € (Le Meurice, le Georges V, le Ritz) et jusqu’à 47 € au Bristol…
Apparemment mal leur a pris. Les clients interrogés par des journalistes sur les Champs Élysées, n’ont guère apprécié lorsqu’on leur a parlé de cette présumée augmentation. « Quoi, ce n’est pas déjà assez cher, 1000 € la nuit ! Va falloir se priver du petit déjeuner ou quoi ? »
Du côté des professionnels, la réponse n’a pas tardé. Elle est rapidement venue de la Côte d’Azur, région particulièrement riche en 4, 5 étoiles (25) et depuis quelques mois en Palaces. À commencer par Christian Estrosi « formellement opposé », et par le Syndicat des hôteliers de la Côte d’Azur qui menaçait de déclasser les hôtels pour échapper à la taxe… L’UPE06, par la voix de son président, Yvon Grosso, tout en reconnaissant la nécessité pour le gouvernement de trouver de nouvelles ressources budgétaires, invitait celui-ci à prendre « des mesures drastiques de réduction de ses propres dépenses, plutôt que de multiplier les taxes sur les entreprises, qui sont autant de freins à leur développement, et donc à la création de richesses. » Une attitude corporatiste on ne se peut plus classique résumée par la formule anglo-saxonne : not in my backyard ! Il est vrai que les entreprises qui ont réalisé de gros investissements pour mettre leurs établissements aux normes et leur faire prendre des étoiles, ont des raisons de se sentir frustrées, d’autant qu’elles n’ont pas vu le vent tourner…
Hier soir, les députés ont, malgré ces réactions à chaud, voté cette taxe à 2 %. En la retoquant néanmoins, il ne s’agit plus cette fois de faire de distinction entre étoilés mais de prendre comme base le prix de la chambre. La barre a été placée à hauteur de 200 € la nuit, ce qui réduit à néant la menace d’auto déclassement des hôtels quatre ou cinq étoiles par exemple. On peut s’attendre maintenant à ce que les offres à 199 € fleurissent. Certains feront grimper la note en ajoutant opportunément, s’il ne le faisait pas avant, le petit déjeuner et pourquoi pas l’accès à la piscine et à la salle de sport… Les responsables du marketing et les comptables ont du pain sur la planche !
Alain Dartigues