Toulon : Rockorama, panorama d’un rock qui mérite d’être davantage connu.

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Le Festival de musique indépendante de la Côte d’Azur a présenté une programmation sans fausses notes.

Tandis qu'en Corse, Calvi se remettait des concerts furieux de ses visiteurs, stars du rock : Foals, Metronomy ou Fool’s Gold, Toulon s’apprêtait à recevoir des musiciens rock… plus confidentiels.

Dix huit heures et le parking de la capitainerie est encore peu fréquenté face à la Tour Royale toulonnaise, pourtant le coup d’envoi du Festival Rockorama est proche. Insolite endroit que celui de ce festival de musique. La construction décidée par Louis XII surplombe une plage discrète et charmante où les rares amateurs de bronzage profitent encore des dernières heures d’ensoleillement. Derrière le monument en pierre, un petit jardin modeste longe les flots avec, en son centre, un sous-marin échoué. C’est dans cet aimable cadre que les bénévoles motivés et les musiciens ont posé leurs valises.

- à la nuit, les surprenantes Robots in disguise (à gauche) venues faire leur show bien après le groupe - Karaocake

Depuis 2 ans, le rockeur américain Troy Von Balthazar ou les Aixoises d’Andromakers avaient animé les soirées de 300 à 400 spectateurs dans ce lieu atypique. Cette année encore, pour sa 3ème édition, le festival a choisi les grands noms du rock indépendant international (Crocodiles et Munch Munch) et de l’électro français.

C’est pour un tel spectacle que le public, entre les jeunes branchés et les familles, s’installe dans l’herbe, pas loin des caravanes, guichets de fortune et toilettes qui scintillent. Un parterre épars qui profite de la vue sur la forteresse à la pointe du Mourillon entre sable fin et port militaire avec Arcade Fire et The Runaways en fond sonore. Lentement, à la vitesse des bateaux à l’horizon, le premier groupe s’installe sur scène. Avec une pop planante, un brin enfantine et des pochettes de vinyles oniriques, difficile de mettre un visage sur Karaocake. Le trio français se dévoile sur l’estrade, mené avec la voix entêtante de Camille Chambon. Le jeu de scène est minimaliste mais les trois musiciens interpellent pourtant les spectateurs peu nombreux avec des titres comme « It dœsn’t tale a whole week ». Visiblement touchés par le cadre estival de la manifestation, Domotic et Charlotte Sampling remercient le public et le festival pour l’accueil… et le bord de mer choisi.

- le groupe Veronica Falls…

L’assistance est à présent prête pour accueillir le premier groupe international sur scène. Le groupe Veronica Falls n’a pas besoin de son look vintage bien marqué pour séduire. Avec leur musique, qui peut faire penser aux Pixies, les rockeurs londoniens ont une énergie à couper le souffle, dans leurs chansons comme dans leur reprise de Roxy Music. Summum du son rock ? Le spectacle est loin d’être fini, Million Young est annoncé. De loin, on pourrait croire qu’ils sont plusieurs. Pourtant au pied de la scène, le musicien apparaît seul, la guitare au cou et l’ordinateur au bout des doigts. Une prouesse éphémère car le musicien est vite rejoint au clavier par une longue brune aux cheveux fins. Le duo électro atypique séduit rapidement, l’auditoire se déhanchant volontiers à la nuit tombante. Les Américains enchaînent les rythmes mais entre 2 morceaux, il n’est pas rare d’entendre : « On veut du rock ». Le rock, le voilà justement qui pointe le bout de son nez avec Robots In Disguise.

Entre les prestations, deux jeunes filles de noir vêtues et aux chevelures rose et bleue se mêlaient à la foule. Et ces deux auditrices originales attrapent soudain leur guitare pour exécuter des morceaux énervés rock quasiment punk totalement surprenant. Les spectateurs sont aux anges et s’improvisent danseurs dans la fosse gazonnée. Au loin, la Tour Royale, impénétrable, sous la lumière orangée des projecteurs, protège ces amoureux de rock indépendant et veille, attentive, à l’épanouissement du festival.