Menton : un éclairage public novateur et peu gourmand en énergie.

Pour les astrophysiciens et autres grands observateurs du cosmos c'est une bonne nouvelle.

Depuis plusieurs décennies, les astronomes et leurs émules avaient pointé du doigt les effets pervers des lumières de la ville qui, dès la nuit tombée, gênent considérablement leurs observations. Mais qui s’en souciait, qui s'en soucie ? Des photos satellites diffusées à grande échelle sur Internet avaient plus récemment montré, mais sans commentaires désobligeant, cette débauche de lumières sur les continents. Il était facile de faire une relation entre le PNB des pays et l’intensité des éclairages, au point que dans certaines villes, on peut dire que la nuit ne tombe jamais…

Si les raisons de ces chercheurs de l’inutile n’ont pas réussi à convaincre nos décideurs qu'il n'y avait aucun intérêt à éclairer le ciel, la problématique à moyen et surtout à long terme, de l’approvisionnement en énergie, ramène le sujet au ras des pâquerettes. Éclairer nos rues et nos routes, nos commerces et nos maisons quand ce ne sont pas nos jardins, a un coût et celui-ci ne cessera de grimper au fur et à mesure que l’énergie deviendra rare. Il faudra alors se résoudre à moins consommer, à moins éclairer, à éclairer plus judicieusement…

Pourquoi ne pas commencer dès maintenant ? Trop difficile ou trop facile ? Les lobbies qui contrôlent nos approvisionnements n’y voient aucun intérêt… commercial. À ce sujet, rappelons-nous de certaines déclarations de responsables d’EDF qui se plaignaient. L’hiver avait été doux, trop doux à leur gré et la consommation d’électricité avait baissé, faisant chuter d'autant les recettes…

La Ville de Menton vient de faire un petit geste pour la planète, un petit geste bon pour le porte monnaie des contribuables aussi. Les anciens lampadaires « boules » du Cours Georges V ont été remplacés par des candélabres Led, régulés par un détecteur de présence. Cette initiative répond à plusieurs des objectifs définis par les Grenelles de l’environnement. Elle réduit la pollution lumineuse engendrée par des luminaires qui éclairent également vers le ciel, ce qui gênait les astronomes certes mais aussi les habitants des appartements situés à proximité.

Les nouveaux lampadaires ont leur flux lumineux dirigé uniquement vers les trottoirs et la chaussée, ce qui optimise le rapport entre énergie consommée et intensité du rendu lumineux. Ils utilisent aussi les dernières technologies afin d’obtenir un rendement énergétique optimum. Le remplacement des anciens luminaires devrait permettre de réaliser des économies de l’ordre de 80 % des puissances consommées, avec une meilleure efficacité de l’éclairage. Autre élément de bon sens, la régulation du flux lumineux en fonction de la fréquentation. Ainsi les luminaires installés intègrent une cellule de détection de présence permettant de réaliser une économie d’énergie de 50 % en l’absence de personnes ou de circulation. Autre conséquence, la diminution automatique de la facture Carbone, celle qui est en partie responsable des changements climatiques que nous pouvons tous constatés.

La commune de Menton a fait ses comptes, 5200 points lumineux éclairent ses rues et ses chemins pour un coût annuel de près de 300 000 €. Elle a maintenant comme objectif de continuer à réduire sa facture d’électricité et de réaliser à terme une économie de 30% soit 100 000 € par an.

Si l’on s’amuse à projeter sur la France cette expérience, on a de quoi réfléchi. En effet, l’installation de 9 millions de ces lampes serviraient à éclairer villes et campagnes, soit environ 1 260 MW, l’équivalent d’un réacteur… nucléaire. Comme dirait l’autre : un de moins !

Alain Dartigues