Médiator : les Mutuelles se rebiffent... enfin certaines.
Seront-elles remboursées des prestations qu’elles ont versées ?
Problématique cruciale que soulève l’affaire du Médiator. En effet, les effets secondaires de ce médicament destiné aux diabétiques et utilisé aussi comme coupe-faim, ont déclenché une réaction en chaîne, en l’occurrence, des troubles cardiaques qu’il a fallu soigner. On avance les chiffres de 500 morts et 3 500 hospitalisations.
Or notre société rembourse la plus grande partie de tous ces soins, soit à travers la Sécurité sociale souvent complétée par des Mutuelles de santé. Les sommes payées et les indemnités versées, viennent des cotisations obligatoires pour l’une, volontaires pour les autres ainsi que de nos impôts. Il est certain que plus il y a de remboursements et d’indemnités à verser, plus élevés sont les montants des prélèvements et des cotisations. Avec à la clé une évolution dont nous constatons tous les jours les effets… directs : majoration des taux de prélèvement, diminution des taux de remboursement et par voie de conséquence, élévation des cotisations des assurances complémentaires et autres Mutuelles de santé.
La fédération des Petites et Moyennes Mutuelles vient de réagir. Le dossier du Médiator les interpelle. Il est emblématique et symptomatique d’un… malaise profond. Ces Mutuelles ont toutes participé et fait participer leurs adhérents (à l’insu de leur plein gré), à cette gabegie dont on sait maintenant qu’elle aurait pu être limitée (dès 1995, on connaissait la nocivité du médicament). Elles ont dépensé des sommes considérables, à la mesure des dégâts provoqués. L’Assurance maladie parle de son côté de 1,2 milliards €, 1/3 de cette somme étant supporté par les seuls organismes complémentaires.
Très logiquement, nous semble-t-il, ces Mutuelles de Santé demandent maintenant le remboursement au fabricant et distributeur du Médiator, dont le PDG est Jacques Servier, de récupérer les prestations indûment remboursées… « ADPM Fédération » évalue le montant total à au moins 400 millions € dont 100 millions pour les petites et moyennes mutuelles. Elle exige la transparence totale sur ce dossier, mutuelle par mutuelle, patient par patient, afin que les organismes complémentaires puissent récupérer ces prestations qui n'auraient jamais dû être supportées par leurs adhérents.
La fédération en profite aussi pour dénoncer les pratiques du Laboratoire Servier qui sont, d’après elles, le reflet de celles de l'ensemble de l'industrie pharmaceutique. Comme ne pas se rappeler d’autres dossiers comme celui du vaccin contre la grippe… Elle recommande la mise en place d’une Autorité de contrôle du médicament, fiable et réellement indépendante.
Présidée par Jean-Louis Span, l'ADPM Fédération regroupe près d'une centaine de petites et moyennes mutuelles et représente environ 2 millions d'adhérents. Elle ne mâche pas non plus ses attaques contre tout un système où personne n’est blanc blanc :
« Le scandale MEDIATOR/SERVIER démontre que les pouvoirs publics ne maîtrisent plus rien, ni dans le contrôle de la mise sur le marché, ni dans la pratique prescriptive des praticiens. Dans ce scandale, la responsabilité est multiple et aucune des parties ne doit être dédouanée, pas plus le laboratoire que la Haute Autorité de Santé, les praticiens et les pouvoirs publics.
Après le temps de l'émoi, la constitution d'un fonds d'indemnisation des victimes apparaît comme une volonté de ramener cette affaire à un duel SERVIER/POUVOIRS PUBLICS. Une fois les victimes indemnisées, qu'adviendra-t-il de leurs plaintes ? Le spectre du scandale du sang contaminé plane aussi sur cette affaire… La dotation de 5 millions d'euros supplémentaires à l'ONIAM (Office national d'indemnisation des accidents médicaux) ne doit pas être prise sur des fonds publics.
Cette demande légitime contribuerait également à mettre fin à l'inégalité de traitement soigneusement entretenue entre les organismes complémentaires gestionnaires du régime obligatoire et la grande majorité des autres intervenants qui n'ont pas accès aux données Sécu. »
Avis à la population !
A.D.
- suggestion d'un lecteur : Et pourquoi les pharmacies qui ont fait leur beurre avec ce médicament ,ne mettraient-elle pas également la main au porte-monnaie ? - Bien vu !