PS : le coup de pied de l’âne de Jean-Noël Guérini... à son parti.

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Catégorie Pieds dans le plat

Le président non démissionnaire du Conseil général des Bouches-du-Rhône, réplique crûment à ceux qui voulaient le pousser prématurément vers la sortie.

Depuis sa mise en examen pour prise illégale d’intérêts (un classique du genre, affectionné par nombre d’élus) et association de malfaiteurs (accusation heureusement moins courante chez nos démocrates), Jean-Noël Guérini est devenu une autre personnalité encombrante pour les socialistes, comme l’avait été en son temps Georges Frêche. Cela ne fait pas l’affaire du bureau national, en particulier de Martine Aubry et de ses alliés auxquels il avait apporté son soutien. Soutien qui avait permis à Martine de gagner… de peu le poste de secrétaire-générale du PS, contre Ségolène Royal, dans des élections internes entachées par des suspicions de fraudes. Sa mise en examen et la couverture médiatique qui s’en est suivie, la teneur de ses propres déclarations, ont certainement pesé dans les résultats des primaires socialistes et contribué à la victoire de François Hollande.

Loin de s’avouer vaincu, le président du Conseil général s’accroche à son poste et privilégie l’attaque comme meilleure défense, même si les conséquences sont redoutables pour le parti qu’il a si longtemps servi. Sa dernière réplique destinée à ceux qui veulent se débarrasser de lui en dit long sur sa détermination. « Je pourrais – dit-il – envisager de démissionner lorsque tous les élus du PS condamnés définitivement, et ils sont malheureusement trop nombreux, auront démissionné de toutes leurs fonctions exécutives. Cette règle doit être également appliquée à tous les élus socialistes mis en examen. » On l’aura bien compris et c’est lui qui le dit : tout n’est pas tout rose au PS et les tiges sont couvertes d’épines.

Peu de chance, on s’en doute pour que de telles propositions recueillent l’assentiment de ses pairs. Si sa première requête est du domaine de la logique pure et devrait être de pratique courante dans tous les partis politiques, la seconde est un peu trop ambitieuse car en l’absence de condamnation définitive, le principe de… précaution s’impose. On appelle ça, la présomption d’innocence.

Surfant sur cette stratégie de dénonciation collective, de petits malins (le visuel circule sur les sites du FN) ont pris Jean-Noël Guérini au pied de la lettre et font circuler sur le réseau Internet, une affiche où l’on peut voir une brochette d’élus PS. Nous avons pris soin de vérifier l’exactitude de leur pedigree ainsi décrit. Effectivement, Michel Tonon, maire de Salon de Provence et Conseiller général a été mis en examen pour délit de favoritisme ; Sylvie Andrieux, vice-présidente du Conseil régional et députée, mise en examen pour escroqueries ; François Bernardini, maire d’Istres, condamné à 18 mois de prison avec sursis pour détournement de fonds ; Serge Andreoni, sénateur-maire de Berre mis en examen pour trafic d’influence ; Jean-Pierre Maggi, maire de Velaux, mis en examen pour délit de favoritisme, Bernard Granié, président Ouest-Provence, condamné à 2 ans de prison ferme pour corruption ; Alain Belviso, président de l’Agglo d’Aubagne, mis en examen pour détournement de fonds. Cela, seulement pour le département des Bouches-du-Rhône… Il est évident qu’en face, tout n’est pas blanc-bleu. Nous n’hésiterons pas bien sûr à publier après vérification des dires, une liste d’élus qui n’ont pas échappé à la rigueur de la Justice dans la région PACA, ce qui ne les empêche pas d'être toujours aux affaires.

  • Toujours à propos de la procédure de « mise en examen » qui a remplacé « la mise en accusation » considérée à juste titre comme infamante, surtout dans la mesure où elle se soldait par un jugement disculpant l’intéressé : Lors de son premier mandat (2001 – 2008), Bernard Brochand, le maire de Cannes puis député, fit signer à tous les membres de sa majorité une lettre dans laquelle chacun d'eux s’engageait à démissionner s’il devait être mis en examen. Une initiative hasardeuse qui, à notre connaissance, n’a pas été reprise lorsqu’il fut réélu, de justesse, comme maire en 2008. De plus, nul, élu ou simple citoyen, n’est à l’abri d’une dénonciation calomnieuse ou d’une procédure abusive. Le juge se voit alors dans la quasi obligation d'utiliser cette procédure pour y voir plus clair, sans que cette démarche préfigure la décision finale, elle-même pouvant être mise en Appel, aller en Cassation, voire se poursuivre devant la Cours européenne de justice…