Politiquement Primaires et... secondairement...

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Les primaires font leur trou en France, creusant celui de l’anonymat de l'appartenance à un courant politique ou à un autre.

Seuls quatre Français sur 100 sont allés voter, minimisait Jean-François Copé à propos du premier tour des primaires socialistes. Un argument de bonne guerre. Celui-ci ou un autre, il ne change pas la donne. Les socialistes ont donné le La. Rien ne sera plus comme avant et les primaires vont fleurir. Chose acquise, on ne parle déjà plus de celle des écolos qui a fait long feu… On ne pourra plus faire machine arrière. Pour le meilleur et pour le pire. Le meilleur ? Cela permet d’y voir plus clair à la veille des grandes échéances électorales, de dégager le terrain pour les candidats les mieux placés. C’est sans doute la seule avancée car les inconvénients ne manquent pas. Plus grave sans doute, la perte de l’anonymat des votants. Ils sont obligés de se… dévoiler pour aller voter. Ainsi, leurs voisins, leurs employeurs peuvent assez facilement apprendre, s’ils font… parti du peuple de gauche ou de droite et pourquoi pas demain d’un extrême ou d’un autre. C’est un peu comme si on soulevait le rideau des isoloirs pour voir la couleur des bulletins de vote. On imagine l’emploi que peuvent en faire des patrons, des chefs de service, des élus mal intentionnés. Ainsi, des votants qui ont été vus entrer dans des bureaux de vote seront immanquablement écartés de promotion auxquelles ils pourraient prétendre, leur carrière mise en sourdine, pire, rangés au placard. Certes, on peut survivre à cette mode, les primaires aux USA existent depuis des lustres… Elles ont, on le sait aussi, comme autres conséquences, celle de laminer les petits partis, mais en France, pays des 360 fromages, de ce côté-là on ne risque rien !

Les sondages, avant les primaires, avaient déjà profondément modifié le paysage politique et dans une certaine mesure faussé un jeu, de toute façon, jeu de dupes. Les états-majors politiques le savent bien, les sondages donnent une tendance dont les électeurs tiennent compte à l’insu de leur plein gré. Par instinct grégaire, beaucoup suivront le candidat qui apparaît en tête – mieux vaut être du bon côté du manche, n’est-ce pas ! Moins nombreux seront ceux qui, coûte que coûte, défendront le candidat de leur choix, même donné largement perdant.

À ce propos, on peut remarquer la déclaration de François Hollande hier qui se plaignait de la divulgation par certains médias et les réseaux sociaux toujours aussi incontrôlables, des premiers résultats des primaires socialistes à l’étranger. Le futur gagnant du premier tour se plaignait de ces présumées fuites comme étant dommageables. « Parce que tout ce qui peut donner une impression qu'il y aurait déjà une tendance, ce qui est tout à fait faux, pourrait être fâcheux. » Il devait ajouter d’ailleurs que ces résultats (surtout dans la mesure où il ne serait pas arrivé en tête), devraient être annulés…

Et les sondages alors, véritables CAC 40 des tendances, dont on nous bassine plusieurs fois par jour dans le seul but de nous influencer ? Ne sont-ils pas devenus l’Alpha et l’Oméga de la vie politique, en France et ailleurs ?