Versailles Plages !
Les nocturnes du Château Royal permettent de vivre les jeux d’eau comme à l’époque des rois de France.
Cela fait bien longtemps que le bruit des calèches sur les pavés et que le chuchotis des courtisans, ont été remplacés par les cris d’admiration et les étonnements des touristes. Se retrouver au Palais royal en plein mois d’août relève de la folie ou du moins du goût du risque tant les touristes sont pleinement propriétaires de l’espace de ce bijou du patrimoine français. De la prestigieuse Galerie des Glaces à la Chapelle Royale, se ruer dans les couloirs dorés est plus proche du parcours du fringant combattant que de la découverte studieuse en solitaire. La visite-conférence est toujours l‘apanage de privilégiés qui peuvent espérer goûter d’un peu d’air frais dans ce bain de foule !
- les jets d’eau au 1er Bassin d’Apollon -
Il existe une façon moins encyclopédique mais plus directe pour ressentir le bon vieux temps de Louis XIV. Au summum de l’affluence de passants, les jardins aux massifs fleuris et aux pièces d’eau animées de Le Nôtre ne perdent en rien de leur éclat. Mais les jeux d’eaux ne s’arrêtent pas à l’heure où la grille crisse pour la dernière fois de la journée. La nuit, les fontaines continuent de crépiter en lumière et en musique lors des Grandes Eaux musicales rendant les plans d’eau royaux et majestueux. Et cela même quand le temps n’est pas à la fête ! Les parapluies n’étaient pas inscrits au programme et pourtant, alors que la France subissait des intempéries surprenantes, ils étaient les… rois de la soirée ! Préparant aux embruns du Bassin de Latone, la pluie n’apportait qu’une touche de couleurs supplémentaires aux brassées florales du Bosquet du Dauphin. Dès lors, la musique baroque pouvait raisonner au rythme des fontaines illuminées pour un spectacle tout feu tout flamme ou plutôt toute eau tout flamme. Il n’y avait en effet pas que l’élément liquide qui avait la part belle. Surprenant tout le monde et surtout les badauds jouxtant le grand tapis vert, les brasiers installés juste devant le premier Bassin d’Apollon commençaient les danses surnaturelles de la soirée. Et quelle danse ! Les mouvements brûlants avaient vite fait de réchauffer l’atmosphère laissant une odeur de kérosène entêtante. Las de cette chaleur fugace, les visiteurs préféraient alors aller par le chemin des écoliers… et longer l’Étoile rencontrant quelques points d’eau fins, aériens. Au fond du panorama vert, les chevaux dorés statufiés, prêts à la parade, étaient alors aspergés par les gerbes d’eau rythmant la musique royale avant un retour de flamme… spectaculaire !
- le château vu du Bassin de Latone -
Mais le plus beau était encore à venir, le ciel allait s’embraser mais il fallait encore attendre un peu. La visite des Bosquets de la Colonnade se présentait parfaitement pour ce laps de temps à combler. Les surprises allaient alors crescendo puisque, au détour des jeux de flamme, effets spéciaux du dernier cri à l’époque « ensoleillée », un étrange spectacle se dressait alors. La structure circulaire érigée par Mansart en 1684, illuminée en vert donnait un aspect fort mystique à la structure de Girardon. La fumée masquait « L’enlèvement de Proserpine par Pluton » dans un faisceau émeraude inquiétant. Quoi de mieux qu’un feu d’artifice pour mieux faire de ce spectacle nocturne un embrassement impérial ! Quelques fusées de couleurs dans le ciel auraient été trop simples pour la cour du Roi Soleil. Il fallait que tous les éléments participassent pour que le spectacle soit digne de son palais et… de son roi ! Les jets d’eau se synchronisaient peu à peu sur les éclats de lumière célestes. Certains auraient peut-être aimé s’écrier : « Oh, la belle eau ! » mais les surprises se suivaient trop vivement pour que la moindre personne ne s’exprimât. Sur la « Marche royale » de Lully, les flammes, les feux devenus étoiles filantes et l’eau se rependaient pour un final scintillant. Il ne manquait que le Roi et ses banquets à cette fête parfaite qui n’avait rien à envier au Festival Pyrotechnique cannois.
- feux d’artifice à Versailles -
Les Grandes Eaux musicales se terminent ce soir mais reprendront l’été prochain. Les récentes rénovations du jardin, comme le théâtre personnel du monarque qui osait esquisser quelques pas de danse dans le faste le plus total, sont de bons moyens de continuer la fête en lumière et en musique à la rentrée. Les Noces royales de Louis XIV débutent au Bassin de Neptune dès le 3 septembre où la voix de Stéphane Bern viendra narrer les guerres de Louis XIV jusqu’à son mariage.