« Nique la France ! » : livre... référence.
de quoi attiser chez les uns la haine inculquée et chez les autres une violence réactionnaire...
Après m’être fait piéger par de nombreux mails reçus qui véhiculaient de fausses informations, j’ai donc été tenté de jeter à la poubelle celui qui annonçait la parution d’un livre intitulé « Nique la France ! ». Cela me paraissait improbable qu’un éditeur s’amuse à ce petit jeu de la provocation. Bien que j’ai pu constater de mes yeux quelques inscriptions sur les murs d’une ville de la Côte d’Azur « Les Français dehors ! », je pariais plutôt sur un agitateur chargé d’attiser la haine de l’autre, du différent… avec je ne sais quel but inavouable, populiste et électoraliste. Néanmoins, je lus rapidement la lettre de la présumée Christine Tasin, se disant militante républicaine et laïque. Après une critique acerbe du présumé livre, elle recommandait vivement que le lecteur… de sa lettre et du livre, écrive au Président de la République, aux libraires, pour manifester son indignation, si tenté bien sûr qu’il soit indigné.
Bien que ce titre ne m’inspira pas l’envie de le lire et encore moins de l’acheter, je pris quand même le temps de chercher sur un moteur de recherche son existence et je choisis de cliquer sur le premier site proposé : Amazone.fr. Il fallut bien me rendre à l’évidence, ce livre existait donc, écrit par un dénommé Said Bouamama, avec un sous titre intéressant : Devoir d’insolence. Moi qui, à l’occasion, me plait à être impertinent avec l’espoir de rester pertinent, j’hésitais à m’en prendre à la démarche même de l’auteur. Ne sommes-nous pas dans le pays de Rivarol, du Canard Enchaîné, des Guignols de l’info ? Ne sommes-nous pas les enfants et petits-enfants de mai 68 où il était interdit d’interdire ?
Mais, après un court instant de réflexion, j’en vins à me dire qu’il y a des limites à tout, des frontières à ne pas dépasser, qu’on ne joue pas avec le feu au risque qu’un imbécile allume un incendie. Allais-je pour autant acheter le livre ? Autre question à laquelle je répondis par la négative. J’ai eu peur, je l’avoue d’avoir la nausée à la lecture des arguments qui apparaissaient à travers le mail reçu plus tôt et dans les commentaires du livre lu sur le site Internet d’Amazone. Si les extraits que j’ai pu y voir sont exacts, ils ont effectivement troublé les esprits. Il est facile d’imaginer que le contenu soit susceptible de donner des excuses à ceux qui préfèrent accuser les autres et la société plutôt que de chercher à résoudre eux-mêmes leurs problèmes, le tout débouchant sur la violence qu’elle soit d’ordre morale ou physique.
Première violence, à l'évidence, celle de la page de couverture du livre qui pointe un doigt d’honneur ou de… déshonneur vers cette France qualifiée de « coloniale, raciste et inégalitaire ». Un doigt qui fait suite, en toute logique, à la Marseillaise sifflée dans les tribunes de nos stades de foot, aux caillassages de voitures de polices ou de pompiers comme du petit train qui relie à nouveau Cannes à Grasse…, aux drapeaux de pays étrangers agités tandis que celui de la France est brûlé quand il ne sert pas à se torcher le cul !
Reprenant le texte du mail de départ de cette madame Tasin, je me dis que son raisonnement, à priori par l’absurde, ne l’est pas tant que ça ? Elle argumente en effet que cette liberté d’expression dont bénéficie ce monsieur Bouamama parce qu’il vit dans ce beau pays qu’est la France, du moins c’est ce que nous croyons, n'a pas sa contrepartie dans les pays d’origine « des noirs, des arabes, des musulmans, » victime ethno-sociales désignées. Qui pourrait publier un tel brûlot dans ces pays qui ne supportent aucune contradiction, aucune opposition et qui sont au mieux des démocraties balbutiantes. Quant à la tolérance religieuse, aux droits de pratiquer, de promouvoir ses croyances, elle est limitée à sa plus simple… expression, c'est-à-dire trois fois… rien. Inutile de faire des dessins (le Danois Lars Vilks a vu brûler en mai dernier sa maison pour un dessin jugé sacrilège) à ceux qui se tiennent au courant des us et coutumes pratiqués dans des pays dont les ressortissants, par ailleurs avides de visas français et de protection sociale, cherchent à nous faire la leçon de morale. La France est raciste, la France n'est pas généreuse… Si « France » - Telecom est accusée de harcèlements au travail capables de déclencher des suicides, ses chefs de services et ses PDG n’en sont pas encore rendus à lapider leurs employés.
Quels que soient ses mérites (comme celui d’ouvrir les yeux à certains), ce livre ne fait que mettre de l’huile sur le feu. Et qui en a besoin ? Ni les Français récemment issus de l’immigration qui se sont intégrés et dont les enfants brillent aux études mais qui ont du mal à trouver du travail, ni les Français d’origine qui ne comprennent pas pourquoi autant de haine à l’égard de leur pays et qui se sentent, à juste raison, menacés tant au point de vue religieux, philosophique que physique.
- on notera heureusement l’existence sur Amazone d’autres titres qui développent un autre argumentaire. Ainsi « L'islamisation de la France » de Joachim Véliocas. L’auteur évoque les mosquées qui fleurissent dans l’hexagone, avec la bénédiction des mairies qui offrent les terrains à bâtir, tandis que l’UMP comme le PS commencent à subventionner leurs constructions avec l’argent des contribuables. Ou « L'islam démasqué » de Laurent Lagartempe. L’auteur tente de lever le… voile sur les motivations de cette religion et de déterminer les dangers de voir se terminer tragiquement un affrontement culturel et religieux. Enfin, « Les yeux grands-fermés » de la démographe Michèle Tribalat qui cherche à nous les ouvrir. Elle dénonce un certain nombre de contrevérités sur les effets positifs de l’immigration sur l’économie. Sur les pressions des ONG et des organisations internationales pour libéraliser un peu plus notre politique migratoire. Sur l’ampleur des bouleversements qui s’annoncent, sur la volonté de ne pas les chiffrer et de les porter à l’attention du public… qui risquerait, qui sait mais peu probable, de perdre son sang froid…