Renan Luce : le clan des bingos !

Crédits:
textes par
Catégorie Les Arts au soleil

Le chanteur finira sa tournée triomphale dans le sud avant une rentrée parisienne.

Il n’est plus à présenter et pourtant le « petit bonhomme de la variété française » est à découvrir sur scène. Le jeune musicien, tout juste arrivé à Paris de sa Bretagne natale, avait longtemps enchaîné les premières parties de Bénabar, Maxime Le Forestier, ou Jeanne Cherhal. Ce long chemin a payé en 2008. Aussitôt après, le musicien a vu son nom en haut de l’affiche au Zénith de Paris, rien que cela ! Qui aurait pu prédire alors que « La Lettre » tournerait sur France Inter, que son interprète se retrouverait quelques années plus tard parmi les vedettes les plus célèbres de l’hexagone lors des concerts des Enfoirés ? Quelques fans mais peut-être pas toute cette foule venue acclamer le chanteur lors de ces prestations live au Cannet en décembre dernier ou à Marseille début 2010.

- photo Michel Vy -

L’impatience rongeait ce public très diversifié, allant des bambins galopants aux personnes plus mûres qui regrettaient les chaises manquantes, au look de punk à chien ou lolita gothique mais souvent no look, peut-être l’auditoire d’un spectacle grand public ! L’attente en vaut le détour puisque, dès son arrivée sur scène, sous les huées et les applaudissements, le chanteur prend son arme de prédilection, sa guitare sèche, devant son batteur dont la grosse caisse indique « Le clan des miros », nom du deuxième album. Ensuite, c’est une alchimie fantaisiste et magique qui auréole le spectacle… jusqu’à sa dernière note.

Avec percussion, contrebasse et banjo, les chansons ont beaucoup plus d’envergure que dans leur version studio. Le chanteur interpelle le public assez vite pour introduire « Les gens sont fous » ou « Mes racines » stimulant les rares spectateurs bretons de la soirée. Mais c’est pour les chansons phares comme « Les voisines » que le public est le plus réactif, faisant ainsi se dandiner et chanter la foule conquise. Le chanteur doit-il chercher davantage à séduire son public ? Pour surprendre et alterner les ambiances, l’interprète joue tantôt sur la corde sentimentale avec « L’iris et la rose », tantôt les récits intimistes comme « I’m not there » tandis qu’un laser à l’image d’une plume créatrice esquisse mots et petits bonhommes qui amusent les rares passifs.

Le public lui rend bien ces délicatesses créatives et participe même au spectacle en agitant des feuilles où une main imprimée porte en son centre le simple mot « timide » pendant « aux timides anonymes ». Car réservé, le musicien l’est bien, il fait partie de ces compositeurs qui écrivent pour calmer leur névrose, une thérapie littéraire !

Cependant, un peu gêné face à la foule, le chanteur préfère prendre à partie un unique et petit garçon curieux. De discussion en discussion, le jeune garçon en arrive même à monter sur scène sagement pour écouter ce concert en spectateur privilégié. Plus d’un enfant dans la salle a alors envié le bambin choisi car, depuis sa collaboration inattendue mais intéressante pour le film de Laurent Tirard, « Le Petit Nicolas », la renommée du chanteur, qui adore traiter le thème de l’enfance, a monté en flèche dans les cours de récré, comme si Henri Dès avait rendez-vous avec Alain Souchon.

Sitôt l’enfant descendu de scène, le chanteur peut déménager au sens littéral du terme puisque s’entassent alors sur scène caisses et paquets sur lesquels les musiciens s’installent dans une ambiance plus intimiste pour « Chez toi », chanson qui aborde l’aménagement en couple. Ce changement de décor sied bien à l’interprète qui voit l’écriture de chansons proche du 7ème art, préférant évoquer des images sur des sons. Cette passion pour le cinéma est d’ailleurs visible dans nombreux de ses clips dont le plus frappant est sans doute « Les voisines » où Renan Luce reprend le rôle emplâtré de James Steward dans Fenêtres sur cours d’Hitchcock. Cette passion pour les histoires qui le hante depuis l’enfance avec un amour précoce pour les comptines maternelles est sans doute à l’origine de sa volonté d’écrire ou plutôt de raconter des anecdotes.

Est-ce pour mieux pouvoir imaginer ces situations que le chanteur, guitare à la main, ferme les yeux pendant les refrains ? Il se voulait conteur mais il est trop musicien pour cela. Il est alors metteur en scène d’histoires caustiques et toujours plus surprenantes. Finissant « Lacrymal Circus », quelle ne fut pas notre surprise de voir revenir Renan Luce, trompette au bec pour entonner l’air si stressant qui retentit lorsque les trapézistes exécutent le numéro de la mort. Avec autant de talents, et alors que se termine le spectacle avec « Monsieur Marcel » repris par toute la foule à l’unisson, on se demande que peut nous préparer le créatif Renan Luce. N’ayez crainte, la chanson sera pour longtemps son corps de métier préféré, soit en disque ou bien en bande son de films ou pour d’autres chanteurs mais ce n’est pas parce que faire l’acteur l’amuse qu’il tournera le dos à la chanson au bénéfice du cinéma.

Nous voilà rassurés ! Courez donc voir ce chanteur à la sincérité palpable dès que vous en aurez le moyen comme le 13 août à la scène flottante d’Adge avant sa rentrée parisienne !

Un artiste généreux et accessible par et pour tous. C’est sûrement ce qu’on appelle un artiste populaire !