L’affaire Woerth : des zones d’ombres

Crédits:
textes par
Catégorie Les paradoxales

qui ne font rien pour redorer le blason du Ministre du Travail...

« Père, gardez-vous à droite ! Père gardez-vous à gauche ! » Éric Wœrth livrerait-il sa Bataille de Poitiers ? Le Ministre du travail ne chôme pas et doit répliquer à de nombreuses suspicions. Sitôt qu’il a été question de son implication présumée (bien qu’ici elle semble avérée…) dans l’affaire Bettancourt, ce fut la curée. On sortit des tiroirs de vieux cartons bourrés de dynamites, allant même jusqu’à réveiller un mort vivant, le sculpteur César à la succession… oxydante. Pourquoi pas avant ? Sans doute jugeait-on jusque-là le personnage bien sous tout rapport, intouchable. Et pourtant !

Sur le rendez-vous de sa femme avec Patrice de Maistre, le gestionnaire du patrimoine de la plus grande fortune de France, celle de Liliane Bettancourt, Éric Wœrth n’a certainement pas eu à se parjurer. Dire la vérité a dû suffire. Il a sans doute demandé qu’on donne à sa femme quelques… conseils sur sa carrière. Mais, ne soyons pas naïfs au point de penser qu’il ait eu besoin d’être plus explicite. En effet, il n’était pas nécessaire de l’être. À qui fera-t-on croire que l’embauche qui a résulté de cette rencontre, n’a tenu seulement qu’aux compétences de la dame dont le mari était alors Ministre du budget ? C’est sûrement par le plus grand des hasards aussi que le même Philippe de Maistre recevait, quelques semaines plus tard, des mains d’Éric Wœrth, la légion d’honneur ?

Alors, une simple imprudence ? Parlez-moi donc de conflits d’intérêts et je vous dirais qu’ici, cela semble terriblement évident et bien décevant de la part d’un membre éminent (il l’est moins aujourd’hui) de notre élite nationale ! On nous parle souvent des Républiques bananières et, disons-le, ce n’est guère flatteur, mais comment qualifier autrement certaines des pratiques qui ont court dans notre propre mais pas toujours « clean », République. Cet incident porté à notre connaissance est-il un acte isolé, une sorte de lapsus ? Ne serait-il pas plutôt la partie d’un iceberg que le changement climatique a du mal à faire fondre ?

Alain Dartigues

- À propos de bataille juridique et de guerre des mots, un de nos lecteurs a tenu à attirer notre attention sur ce curieux télescopage entre Histoire et Actualité :

  • Thucydide disait, il y a bien longtemps : l'Histoire est un perpétuel recommencement ! L'affaire Bettencour-Wœrth nous apporte une confirmation de ce propos antique. Cette affaire a tous les ingrédients d'une tragédie grecque mise au niveau d’un feuilleton balzacien ! J’ai ainsi lu dans un vieux livre d'histoire que la droite française a été débordée par Wœrth et que Mac Mahon a dû faire charger la deuxième brigade de cuirassiers qui s'est sacrifié pour Wœrth et a été entièrement désintégrée. C'est un moment de grande bravoure inutile et de sacrifice ! La citation épilogue sur la plaque commémorative placée à Wœrth confirme ces dernières lignes : « L'armée impériale comptait 10 beaux régiments de cuirassiers au début de la guerre. En une seule journée, 6 furent anéantis sans autre résultat que de retarder l'avance de l'ennemi d'une demi-heure… » C'est le récit - on dit dans ces cas là, édifiant - de la charge héroïque de Mossbronn près de Sedan, durant la guerre de 1870. Un haut fait d'armes de l'armée française avec Reichshoffen qui figure sur l'Arc de Triomphe. Cela n'a toutefois pas évité la défaite catastrophique qui suivit et la perte de l'Alsace et de la Lorraine. À cause de tout cela, un gros bourg s’appelle Wœrth.