Le tableau noir ne sera plus criblé de craie pour les mois à venir. Est-ce sur ce constat scolaire que Valérie Tong Cuong a basé l’intrigue de son nouveau roman, « L’ardoise magique » ?

- Valerie Tong- Cuong -

La vérité semble bien ailleurs puisque l’auteure de « Providence », récit totalement optimiste et revigorant, passe du côté obscur de l’inspiration. Pour faire le pendant à ses romans précédents, elle met en scène deux jeunes filles, Mina et Alice, que tout oppose socialement mais que tout rapproche amicalement, sur le point de commettre un acte irréversible.

Les deux amies penchées sur le vide n’attendent plus qu’une chose : qu’un train passe et les emporte… Loin de cette vie -là. Mais Alice est la seule à sauter, Mina choquée et culpabilisée, n’aura de cesse de se demander pourquoi sa chère amie a sauté. Le sujet semble noir, mais une lueur d’espoir vibre quelque part, c’est du moins l’impression qui s’échappe du récit. Mais plutôt que de nous livrer une histoire déprimante et sordide, l’écrivaine réussit très vite à nous emporter dans le récit grâce à une trame efficace et une retranscription du genre noir/policier.

Comme chez Valérie Tong Cuong, tout n’est jamais blanc ou noir, mais se balade dans un gris délicieux, l’auteure rajoute à l’histoire, déjà complexe, des flash-backs sur l’amitié des héroïnes.

Le lecteur est ainsi plongé dans l’intimité adolescente et évanescente des jeunes filles. Et c’est avec un art poétique rare qu’elle réussit à dire l’indicible : le mal-être adolescent qui peut mener, comme ici, au suicide. Par certains aspects, l’histoire part sur des considérations et une vision de deux mondes un peu trop stéréotypés mais encore une fois l’intrigue n’en finit pas de se tordre pour renverser le lecteur étonné et dubitatif. Là encore, la vérité est ailleurs, car tout a une explication.

Si vous sortez vous aussi essoufflé et ému de cette histoire atypique, allez donc en parler avec Valérie Tong Cuong qui finit ces jours-ci son tour de France au Salon du livre de Rouen.