Louis Bertignac : le rock’n roll français nostalgique.
L’ancien guitariste de Téléphone continue sa tournée avec son « Power Trio ».
L’intox avait fait l’effet d’un boulet dans le milieu de la variété française en juin dernier. Europe 1 était formel, le groupe, qui avait marqué les années 80, Téléphone, allait se reformer sous peu, la preuve : 3 concerts étaient même prévus au Stade de France en 2012. En quelques heures la blogosphère avait fait de cette erreur un événement musical et commercial jusqu’au démenti par l’ancien guitariste du quatuor, Louis Bertignac. Le ramdam n’était que le résultat d’une attente très forte des fans du groupe, un groupe qui s’était séparé en plein succès et en tête des Charts en 1986.
- Louis Bertignac -
Aujourd’hui, malgré les quelques télévisions en commun, les membres du feu groupe font cavaliers solitaires. Si Jean Louis Aubert avec son dernier album live « Premières Prises » caracole en tête des ventes, Richard Kolinka et Corine Marienneau restent plus discrets en groupe ou en solo. Louis Bertignac continue, pour sa part, entre 2 collaborations féminines, avec Joyce Jonathan, la nouvelle star de My Major Company, et Carla Bruni, de tourner avec son Power Trio autour d’un bon nombre de titres de…Téléphone. De passage en début d’année à Cannes, le guitariste/chanteur a démontré qu’en groupe ou en solitaire il est toujours un amoureux du rock’n roll.
Guitare, batterie et basse, une disposition scénique classique pour un concert à l’aura particulière. Chaussures en toile, Jeans d’adolescent et chemise froissée, Louis Bertignac entre en scène discrètement mais sous les bravos. Va-t-il mettre le feu tel un Cali en osmose corps et chant avec le public ou sera-t-il, comme M, un musicien à la guitare vibrante et impressionnante ? Droit dans ses chaussures en toile, le chanteur/musicien enchaîne avec une facilite déconcertante les titres de son dernier album, « Longtemps », « Audimat » et « Je joue ». Les longs solos et les changements de mélodie que subissent les nouvelles chansons divertissent les spectateurs mais n’attisent pas les foules ni le musicien. Le statisme du guitariste n’est pourtant pas un obstacle à la symbiose avec le public. Avec la même désinvolture qu’il utilise pour jouer, Louis Bertignac interpelle le public. Tantôt quantitativement, les questionnant sur le choix des chansons, l’interprète, glacé auparavant par l’accueil polémiqué des « Frôleuses », son duo avec Carla Bruni, tantôt affectivement, les traitant d’ « enfants » s’ils ont connu Téléphone à 18 ans. Car évidemment, le répertoire de son ancien groupe est très présent dans sa « set list » et pas uniquement que ses solos.
Le guitariste pourrait très bien se contenter de reprendre ses propres compositions comme « 66 heures » ou « Cendrillon ». Mais, comme un jukebox humain et pour le plus grand plaisir des anciens affectionados, le musicien fantasque reprend « Ça, c’est vraiment toi », un des plus gros succès du groupe disparu. Le public est en transe, le chanteur aussi et secoue frénétiquement sa crinière immaculée pour marquer le rythme. Enfin comme un chant du cygne, Louis Bertignac se permet une ultime composition personnelle, « Ces idées-là » qu’il avait interprété avec les Visiteurs dont faisait partie… Corinne Marienneau, son ancienne acolyte dans Téléphone. Louis Bertignac est-t-il voué à la malédiction de Téléphone ? Les fans frustrés du groupe défunt le condamnent un peu, mais le musicien accepte de bon cœur cette « punition » solitaire faute de ne pouvoir la partager avec ses anciens compères.
Reformation en 2012 ou non, ce concert est un bon retour dans le passé sans pathos ni émotion mais avec une sacrée énergie rock’n roll. Si l’envie de vibrer à ces chansons nostalgiques vous reprend comme de nombreux fans, le chanteur/guitariste sera en concert à Golfe Juan au Théâtre de la mer ce soir lundi.