« Music Is Not Fun » joue franc jeu :
Le groupe de pop tourne avec son nouvel EP « le rendez-vous français ».
La France est morne, drapeaux en berne, sourires en gondoles « chavirées », les vuvuzelas bourdonnent en Afrique du Sud, les honneurs et le mince espoir de rester quelques jours de plus dans le luxueux hôtel du Knysna, s’éloignent un peu plus. Depuis que le monde vibre au moindre « goal » ou « hors jeu », il semble que le seul jeu qui soit envisageable est celui qui se joue ballon au bout des crampons.
Le foot n’a en rien le monopole du « divertissement ludique » et encore moins de la « chaussure ». Les « Music Is Not Fun », de leur Lyon natal, depuis 4 ans, ont compris cet adage et c’est avec un flegme enviable et une ironie non négligeable qu’ils s’entendent à nous faire croire que : la musique n’est pas chose à prendre par dessus la jambe. Certes, mais à l’écoute de leur nouvel EP, il n’y qu’une envie qui prend le corps de l’auditeur : une frénésie dansante. Après un album résolument anglais « British », le quatuor propose un « rendez-vous français », tout en n’oubliant pas leurs amours et influences anglo-saxonnes, The Kinks, Blur et The Libertines en tête.
Prenez les guitares du groupe des années 60, rajoutez quelques synthétiseurs, des effets spéciaux des clips du groupe de Damon Albarn, les idéaux dandy du futur, ancien, actuel groupe de Pete Doherty, et… les traits contrastés des Music Is Not Fun se dessinent peu à peu. Encore un énième groupe qui renie le verbe de l’hexagone pour l’accent anglais ? Et bien méprenez-vous ! Music is not fun, véritable skyzophrénie musicale, fait les choses à moitié. Après des prestations en anglais, voilà l’EP en français et… tout se complique. Les références hexagonales historiques, telles que les 3B (Brel, Brassens, Barbara) sont si fortes et poétiques que de nombreux groupes ont abandonné l’idée de faire honneur à leur pays d’origine. Music Is Not Fun ne fait pas partie de ceux-là et présente un EP aux paroles dilettantes et amusantes.
Dès la piste 1, une furieuse envie de rejoindre la piste de danse nous envahit. Un lit, une tromperie, une fille, un prénom à demi avoué, « (So)phie » qui résonne entre les notes de synthétiseurs, rappelant les trop rares bons morceaux des années 80. Le groupe est-il de ceux qui regrettent les années de la pop hexagonale ? Sûrement pas ; un peu à la manière des « House de Racket », célébrés en 2009, le groupe lyonnais a su garder le meilleur de la musique populaire de ces dernières en lui donnant un je ne sais quoi de moderne. Au cas où les doutes subsisteraient, le single, au clip animé et coloré, « Mes shœs », vraie ode publicitaire à l’accessoire de mode numéro 1, est là pour confirmer l’impression de pop amusante mais loin d’être enfantine. Car sous ces dehors hédonistes et ludiques, il apparaît quelques noirceurs adolescentes qui effacent un peu l’image « de groupe à danser ». Une revendication énigmatique intervient dès les premiers mots des « derniers » : nous sommes les derniers des dandys. » Les guitares s’excitent alors, le temps est devenu plus électronique, les accords sont depuis mineurs, tout est plus complexe.
Le groupe a pris un tournant un peu plus noir au « Mans ». Peu de paroles, plus de souffles, une voix radiophonique se relaient dans ce morceau voyageur évoquant assez justement la course du même nom. L’atmosphère morose peut alors agacer certains, le groupe réagit aussitôt en proposant un rendez-vous dans « le club », un samedi soir banal, légèrement alcoolisé, à la recherche d’un comble ennui, entouré de filles. Music Is Not Fun, un groupe pop jeune avec les mêmes intérêts que leurs semblables : les filles, l’alcool, la fête ? Il y a un peu de ça notamment dans le dernier morceau « He he he » où une voix féminine mutine ponctue la plainte lancinante et frimeuse de la gente masculine.
Le groupe, dopé récemment par le Prix Deezer, se produira en live dans une formation guitare, basse, voix, batterie, clavier, totalement rock comme ce samedi soir à la Flèche d’Or. Un peu à l’image des BB Brunes, dont ils ont assuré la première partie, ils redonneront les lettres de noblesse à la pop avec leur musique entêtante et attirante.
- à écouter en ''preview''…