Turquie : la preuve par le Sud…
La région d’Antalya se tourne vers l’Europe et la... Russie.
Il circule bien des stéréotypes, pas toujours justes, sur la Turquie et ses habitants. Le mieux, nous rappellent Phileas et son inséparable Passepartout, est d’y aller, pour se faire une idée ou en changer… Beaucoup commenceront par Istanbul en mémoire de Constantinople. Ankara suivra peut-être, bien qu’une capitale ne soit jamais totalement représentative de tout un pays. L’option sud, soleil et tourisme pacifié, est à prendre en considération. La région d’Antalya étant le socle d’un tourisme moderne, orienté vers l’Europe et au moins autant vers la Russie.
- vestiges grecs - - Temple d'Appolon -
Capitale de la province éponyme, la ville d’Antalya est passée de 85 000 habitants en 1970 à 800 000 en 2009. Le développement du tourisme est en partie responsable auquel s’ajoute l'arrivée de populations des zones sinistrées par les tremblements de terre et un climat propice à l’agriculture, particulièrement pour les primeurs et les agrumes. Ville champignon qui laisse entrevoir de nombreuses possibilités d’expansion avec ses immeubles et ses zones industrielles qui poussent sans ordre établi mais donnent un aperçu assez juste d’une certaine prospérité et d’une société de consommation qui n’a rien à envier à bien d’autres pays européens. Les Turcs que nous rencontreront sont fiers mais francs du colliers, attentifs et sérieux, désireux aussi, dans les domaines qui touchent au tourisme, de bien faire. Effectivement, ils font de leur mieux même si les standards et les prestations proposées sont un cran en dessous de ceux de la France ou de l’Italie. Leurs étoiles hôtelières ne correspondent pas aux nôtres par exemple. Il faudra donc en tenir compte lors des réservations.
Il reste que le tourisme turc, celui d’Antalya en particulier, se positionne comme un grand rival pour la Tunisie et le Maroc, voire le Portugal et l’Espagne. Le soleil y est généreux (éviter les mois pluvieux de novembre à février), les tarifs compétitifs et les tout compris foisonnent ainsi que les possibilités de coupler des circuits culturels et sportifs avec le farniente… sur la plage.
- l'aqueduc de Belkis -
Grâce au concours de la compagnie aérienne low cost Transavia qui effectue deux vols aller retour par semaine sur cette destination et à l’organisateur Medsev, nous avons tenté l’aventure. De Paris Orly-Sud, nous débarquons après un peu moins de 4 heures de vol, à l’aéroport d’Havalimani. Du soleil plein les yeux et déjà une appréciation de ce qui nous attend : des plages en veux-tu en voilà, des complexes hôteliers le long du littoral que les habitants appellent résolument la Riviera turque
. Le temps aussi d’entre apercevoir la vieille ville, Kaleiçi, sise sur une falaise abrupte au pied duquel se niche l’ancien port.
L’organisateur nous prend en main et nous confie au guide, Erkan, un érudit, qui nous accompagnera tout au long du séjour, à la découverte d’une région riche en souvenirs des nombreuses civilisations qui se sont succédées, pas toujours le plus pacifiquement du monde…
Fondée en 150 avant J.-C. par Attale II, roi de Pergame, la ville sera occupée par les Romains, les Byzantins et les Seldjoukides avant de faire parti de l’empire Ottoman qui s’étendra, au sommet de sa puissance, sur trois continents, se propageant jusqu’en Afrique du Nord pour finalement buter aux portes de Vienne, en Autriche. Mais les royaumes, aussi impériaux soient-ils, ont une fin. C’est à ce moment qu’apparaît un homme providentiel, Atatürk, qui éveille un sentiment nationaliste chez les Turcs. Avec lui naît la Turquie moderne, par certains aspects en avance sur le reste de l’Europe. Les femmes par exemple, obtiendront le droit de vote avant les Françaises… Il rêve d’occidentaliser son pays et y installe la laïcité. Il autorisera toutes les religions mais, en exemptant les musulmans de certains impôts, il leur donne un net avantage qui se traduira par un pourcentage de plus de 90 % de la population recensée. L'Islam que l’on perçoit ici est modéré. Les imams sont formés, payés et ainsi contrôlés par l’État… Pas question de déraper les jours de prêche à la mosquée.
Nous irons ainsi à la découverte de lieux qui gardent les traces de leurs occupants successifs. Visite à l’intérieur des terres, d’Aspendos, près du petit village de Belkis (à 50 km d’Antalya), de son théâtre, le mieux conservé d’Anatolie et de son aqueduc romain. Visite de la ville antique de Side (à 65 km à l'est d'Antalya). Autrefois port important, elle est maintenant connue pour les vestiges de ses fontaines monumentales, son agora, son théâtre (le plus grand de la région) et surtout le temple d'Apollon avec ses colonnes blanches. Les plages, aguicheuses, là aussi font des signes… Dans la capitale, antique et moderne se côtoient. Un moderne avant tout fonctionnel, pour loger une population sans cesse grandissante ; l’antique apportant cette valeur ajoutée dont les touristes sont si friands. La porte d’Hadrien (empereur romain), en marbre blanc, ouvre sur un quartier touristique bien pensé qui inclut aussi le Minaret Tronqué (Kesik Minare), le Minaret Cannelé (Yivli Minare) et les restes en partie restaurés des temples romains et autres lieux de vie. Une autre matinée pourra être consacrée à la visite du Musée archéologique. Très complet, il aborde la période de la préhistoire, nous rappelle en passant d’où venaient nos bonnets Phrygiens… La statuaire grecque et romaine y est bien représentée, avant d’arriver à la période chrétienne et de terminer par une section ethnographique qui illustre le mode de vie des Ottomans.
Très judicieusement, l’organisateur de notre séjour avait inclus un épisode « sportif », la descente d’une portion de la rivière Kopru, située dans le parc national de Koprulu Kanyon à environ 50 km au nord-est d’Antalya. Dans un environnement boisé odorant, pins, cyprès, cèdres, le plus long canyon de Turquie autorise la pratique du rafting. Des professionnels locaux proposent des formules incitatives, prêt du matériel, encadrement, déjeuner au bord de l’eau et bien sûr une descente mémorable… de la rivière. Un tout compris, dans une bonne humeur communicative !
Moins exigeante la sortie en mer. Au départ de la marina de Kemer, un bateau typique turc, une goélette en bois, nous transporte le long du littoral explorer les criques. Nous passons devant un des plus anciens Club Méd, celui de Beldi, avant de nous baigner dans une eau à 23° (quand à Nice, elle est à 16°)…). Grillades de poissons sur le bateau, bain de soleil avant de rejoindre la terre ferme pour une visite du site de Phaselis et Olympos, histoire de nous… plonger dans le passé glorieux d’Alexandre le Grand qui y séjourna. Idyllique emplacement que cette minuscule péninsule, rehaussé par la présence de vestiges grecs entouré d’une pinède au suave parfum de résine chauffée… À peine terminée la visite, le guide nous conduit vers les proches sommets, le Mont Tahtali culmine à 2 365 mètres. Nous arrivons en quelques minutes à son sommet grâce à un téléphérique de la dernière génération. Vue imprenable et époustouflante sur la côte émeraude et les criques où nous étions ce matin. Quelques traces de neige restaient encore sur le versant sud…
Côté gastronomie, le responsable du séjour, avait fait mettre les petits plats dans les grands, en nous faisant découvrir le restaurant du Club Arma, sûrement un des meilleurs de la ville. Spécialisé dans les poissons et les crustacés. Son carpaccio de poulpe est un must, de même sa bourride au mérou… Il mériterait sans nul doute une étoile au Michelin. De plus, sa terrasse est admirablement située, légèrement en surplomb du port antique d’Antalya. Autre expérience culinaire faite cette fois à Anadolu Park près de l’aéroport. Après la ronde des mezes, froids et chauds, tous plus savoureux les uns que les autres, ce sont les préparations à base de viandes qui ont ici la vedette, Kebabs bien sûr et autres plats au noms exotiques, Musakka, Kefta, Tandir et autres Ali Nazik, toutes savamment épicées… Les amateurs de desserts et de vins locaux y trouveront aussi leur compte, de même il convient de goûter le raki en apéritif et le café turc ou le thé préparé dans un çaydanlık, sorte de théière bouilloire à deux étages.
Côté couchage et animation, nous avons testé le Sun Zenep Hôtel, un 5 étoiles selon les standards turques… Le personnel y fut attentif et appliqué, mais pas toujours souriant ; les activités, dans la tradition des clubs inventés par Gilbert Trigano et Gérard Blitz, variés et nombreux, commençaient tôt le matin pour finir tard dans la nuit ; la nourriture abondante et saine. Une bonne surprise pour ce complexe hôtelier vieillissant, racheté par des Russes et depuis mis aux normes. Sa clientèle était cette semaine essentiellement russe, un vrai bain culturel… auquel s’ajouta un petit groupe de touristes français, venu de Paris en voyage organisé (piscine, plage et visites culturelles au programme). Interrogés, les participants se dirent conquis par les prestations.
Notre séjour fut équilibré. Entre l’aspect culturel, le temps consacré à la détente et aux loisirs sportifs, ce programme peut être considéré comme un excellent compromis pour des touristes qui ne veulent pas simplement… bronzer ou mourir idiot !
- Phaselis - - Mont Tahtali, 2365 m -
- pour l’équipée Rafting, on peut privilégier les spécialistes de « Gökçesu » qui se sont montrés très performants, assurant l'ambiance et la sécurité - tel. +90 242 765 33 84 –
- organisateur de parcours touristiques complets, Medsev est installé à Antalya depuis 2001. Cette agence s’est spécialisée sur un secteur qui va de Bodrum à Analya en passant par Marmaris. Elle travaille aussi avec des Tours opérateurs français, belges, italiens,… tel. : +90 242 321 17 40 –
- cet été, la compagnie aérienne française Transavia dessert Antalya avec deux vols par semaine tous les mercredi et samedi. Le vol aller simple Paris Orly-Sud /Antalya est proposé à partir de 95 € TTC. Les passagers peuvent réserver leurs billets sur le site Internet de la compagnie Transavia ou auprès du centre d'appel au 0892 058 888 (0,34 €/min) -
- le port d'Antalya et les cascades de Duden -