Écologie : Nicolas Hulot et Nicolas Sarkozy divorcent,

laissant orpheline la Taxe carbone…

Jugeant incompréhensible la décision du gouvernement de renvoyer la Taxe Carbone aux calandres grecques, les responsables de la Fondation Nicolas Hulot, ont immédiatement réagi. Dans un communiqué de presse, ils s’en étonnent.

Cette reculade marque pour eux « une vraie rupture dans l’ambition française en matière de protection de l’environnement. » Ils tiennent aussi à rappeler que le Conseil Constitutionnel avait sanctionné la taxe carbone sur le principe, pas sur ses modalités d’application, « ne remettant absolument pas en cause une fiscalité environnementale en France. » Il suffirait de quelques aménagements techniques pour remette le projet sur les rails et présenter un nouveau projet de loi pour une entrée en vigueur au 1er juillet 2010, comme le Président de la République s’était engagé à le faire.

La Fondation Nicolas Hulot rappelle que l’objectif de la Taxe carbone est bien de s’engager vers un système fiscal plus juste : moins taxer le travail de l’homme (et donc encourager l’emploi), pour taxer l’utilisation des ressources non-renouvelables. Cette nécessité avait d’ailleurs un temps été reconnue par François Fillon, qui soulignait le déséquilibre entre les charges qui pèsent sur le travail et la faiblesse de la fiscalité environnementale.

Comme beaucoup d’hommes et de femmes politiques français avant les élections, Nicolas Sarkozy avait signé… des deux mains le Pacte écologique de Nicolas Hulot. Ils avaient largement approuvé l’initiative du Grenelle de l’Environnement. Les résultats des élections régionales ont rendu leur verdict. Les Écolos n’ont pas récompensé le gouvernement de ses engagements à leur cause, ils n’ont pas votés pour la majorité présidentielles. Ils ont voté pour Europe écologie et, au deuxième tour, pour le PS, s’inscrivant et confirmant ce choix. Conséquence logique, ils ont été sanctionnés. Au piquet monsieur Hulot !

Les politiques sont pragmatiques. Ils n’ont pas le temps de se projeter dans le long terme. Nécessité oblige. Il leur faut être élus et réélus pour exister. Faire du sentiment est un luxe, pire, une faiblesse. Ah, si tous les Écolos s’étaient rangés du côté du président de la République… ils seraient entrés au gouvernement et Nicolas Hulot aurait pu accepter, ou pas, un grand ministère du développement durable, de l’énergie et des transports… Rappelons-nous de Brice Lalonde, qui avait plombé gentiment les Verts d'Antoine Waechter (Monsieur ni droite, ni gauche) avec sa « Génération écologie ». Il avait été récompensé par François Mitterrand avec un maroquin qu’il avait pu conserver en faisant profil bas, très bas. En fait, il ne s’est rien passé de notable durant son mandat.

D’après certains écologistes, « la Taxe carbone demeure un élément indispensable des politiques françaises de lutte contre le changement climatique. » En abandonnant le projet, le gouvernement de François Fillon prend l’option « du conformisme et de la pusillanimité. Il privilégie clairement les égoïsmes d’aujourd’hui à des choix structurants pour la France de demain. L’économie verte, créatrice d’emploi, de bien être et de respect de l’environnement a sérieusement du plomb dans l’aile ! » L’instauration de cette taxe, d’après ses zélateurs, aurait permis « d’anticiper l’inévitable : la raréfaction attendue des énergies fossiles et des hausses brutales du prix de l’énergie. » L’augmentation de 9% du prix du gaz dès avril, en est un des signaux.

Alain Dartigues

- mention : www.pariscotedazur.fr - mars 2010 - magazine fondé il y a cinquante ans…
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