Cannes : Les Français à l’honneur au Festival Pantiero !

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Espoirs et confirmation du rock à la française. « Naïve New Beaters » et « Stuck in the sound » ont occupé le devant de la scène…

La terrasse Pantiero se remet à peine de la furie Ebony Bones que d’autres phénomènes débarquent sur la Croisette. Cette fois les voilà français ! Les fans de « rock indie » sont de sortie sous leurs capuches et leurs cheveux emmêlés à l’image de leur groupe phare !


- The Naïve New Beaters -

Ils ont fait un buzz terrible sur le net avec leur clip, au petit budget mais gros effet, « Live Good ». Ils ne seront bientôt plus à présenter. Les « Naïve New Beaters », de retour de leur périple (espagnol) au Festival de Benicàssim, sont fins prêts pour la tournée qu’ils attendaient depuis 2 ans (d’enregistrement) en « home studios ». Le trio n’avait pas remis les pieds à Cannes depuis sa prestation au VIP Room en 2007. Le décalage d’ambiance n’alterne en rien la bonne humeur et l’énergie du groupe sur scène. David Boring, Eurobelix et Martin Luther BB King n’attendent pas la fin de « Wow Now » pour enflammer la terrasse Pantiero ! Une ambiance électrique et fédératrice s’installe rapidement sur l’esplanade gazonnée.

Face à un chanteur et un joueur de synthétiseur esquissant quelques pas de danse aérobic, le public commence à « chalouper » en cadence. Faire le show n’est pas tout, encore faut - il que la musique suive. C’est également le cas. Les Naïve New Beaters osent mêler le rap old school avec les riffs de guitare bien sentis. Le corps oscillant à la manière des rappeurs du Bronx, le chanteur affirme, pourtant, être influencé autant par Queen, Will Smith… Eddy Murphy et MTV tandis que le guitariste dont le moindre mouvement de la tête provoque un tourbillon chevelu se réclame d’AC/DC mais aussi de Weezer. Un grand écart de références musicales qui ne doit pas être très étranger à la richesse du tempo du groupe.

S’ils avouent facilement leurs inspirations rythmiques, l’origine de la mise en scène est plus difficile à définir ! Le néon orangé « Naïve New Beaters » sur les claviers d’Eurobelix et le fond derrière lequel aime se cacher David Boring ont nécessité un bon nombre de techniciens comme ils s’amusent à le préciser ! Interpellant le public avec des accroches absurdes « Est-ce que vous êtes chauds comme des pédalos ? », le chanteur n’est pas en reste de stratagèmes amusants et communicatifs. Préférant s’exprimer en mauvais français et traitant les spectateurs de « sexy girls and fat boys », le groupe arrive immédiatement à hisser les jeunes filles sur les épaules masculines ! Alors que tambourine le popularisé « Live Good » par l’utilisation publicitaire de Nokia, on se demande d’où sortent ces étranges tenues de scène ?

En coulisse, l’accoutrement est de la même veine ! Laissant les pulls bariolés pour des T-shirts flashy et collier bling bling, le groupe avoue puiser son inspiration vestimentaire dans les placards de la mère du chanteur ! Faire des vannes à tout vent est certes jubilatoire et sympathique mais ne dessert-il pas quelque fois l’ambition musicale ? Sans doute comme l’a déjà noté « Technikart » en évaluant le groupe aussi bien en « blague » qu’en musique ! Après quelques escapades estivales anglaises et hongroises, le trio infernal reviendra en France. Pensez, alors, à faire escale sur la planète « Walace » des « Naïve New Beaters » comme en show case à Paris ou au Cabaret Aléatoire de Marseille.


- Stuck in the sound…

Si les « Naïve New Beaters » sont des espoirs à surveiller, « Stuck in The Sound », autre groupe parisien, est déjà une référence de la scène rock indie … mais très discrète ! Inconnus des Anglais et délaissés par les médias généralistes français, les « Stuck in the Sound » ont pourtant crée l’événement en 2006 avec leur premier album « Nevermind the Living Dead » pouvant rivaliser en tout point, avec leurs équivalents anglophones !

Sur scène, le groupe enchaîne les riffs énervés rock limite métal comme dans un bœuf ou dans leurs chansons instrumentales « Zapruder » et « What ? » La voix haut placée et unique du chanteur vient planer sur cette musique alternative et ce, malgré les petits problèmes de mixage du son au début du show. Derrière son micro, José Réis Fontao, encapuchonné, joue l’adolescent attardé tantôt rêveur tantôt énervé. On se demande pourtant comment l’interprète de 27 ans entonne avec tant de conviction et sincérité les maux post enfantins dans des chansons comme « dirty waterfalls » ou « beautiful losers. »

L’anglais, toujours l’anglais comme langue phare des groupes francophones en mal de succès international ? Le quatuor était pourtant l’un des rares groupes de l’hexagone à préférer la langue de Shakespeare à ses débuts ! Bercé dans une culture anglo saxonne avec Sonic Youth ou encore Metallica, le compositeur/ interprète/ meneur de bande s’est tourné vers le rock en anglais pour sa sonorité évidente et avoue, même, ne « pas savoir écrire en français » ! Le chanteur est cependant loin d’oublier le reste de son groupe ! S’il est celui qui déchaîne les foules par un mouvement sec mais efficace du bras, c’est ensemble qu’ils composent et produisent leur album.

Le groupe se prend à rêver parfois de créer un laboratoire pour chercher des sons et « attraper les moments. » En attendant cette utopie warholienne, les « Stuck In the Sound » prennent leurs quartiers d’été à Saint-Tropez pour… travailler sur leur futur album à l’image du premier, hétérogène, mélangeant pop, acoustique et violence à la « Rage Against the Machine » ! Les chanceux qui pourront les voir sur scène à la rentrée, au théâtre Lino Ventura de Nice par exemple, auront sans doute l’opportunité de devenir sujets d’expérience de leurs recherches musicales ! Si le groupe quitte, passagèrement, la scène pour les studios d’enregistrement c’est plus sur des charbons ardents que sur « les rotules ». Pour leur dernière date estivale, le quatuor réunit son énergie pour la faire partager à son public avec les titres « ouais » et « shoot, shoot. » Le chanteur timide sort de sa capuche et déclenche la folie avec le tube « Toy Boy ».

À la scène comme en studio, le quatuor impressionne par sa justesse et sa créativité. Le public du Festival Pantiero l’a d’ailleurs bien remarqué et a applaudi à tout rompre comme pour crier : Bravo pour le chemin parcouru et bonne chance à l’étranger ! Après cela, qui n’osera pas avouer : vive le rock et vive les Stuck !

La suite de la soirée est encore en bleu, blanc, rouge avec « Kap Bambino ». Dès le départ, Caroline Martial, chanteuse extravagante de ce duo bordelais, se rue sur le micro pour accompagner Orion Bouvier aux platines. La frénésie française ne ressemble en rien à la folie anglaise d’ « Ebony Bones ». La chanteuse française s’agite nerveusement sur la scène rapidement enfumée par la chaleur et les spectateurs heureux de pouvoir fumer sans narguer la loi ! Avec sa voix perchée et ses mimiques hystériques en ombre chinoise, la « fille au micro » ressemble parfois à une marionnette obéissant aveuglément au rythme entêtant. La musique au rythme exacerbant ponctuée par quelques notes synthétisées offre un violent retour dans les années 90 ! Malgré ce son obsédant, le public est en transe, vibrant sur le grave comme à Ibiza !

Le contraste avec le groupe anglais qui les succède est assez frappant ! Les, très attendus, « Late of the Pier » n’ont rien à envier à leurs aînés. Agés de ? , le tout juste quatuor post pubère joue avec simplicité son pop rock dans la veine des Arctic Monkeys ou autre groupe anglais confirmé. Les titres pop accrocheurs s’enchaînent et sont bien reçus par un public, visiblement, déjà fan. Cependant, laissant, un temps, la « pop indie » en vogue et une formation - guitare, voix, batterie - classique, les jeunes musiciens proposent des morceaux pop rock électro bien plus ambitieux et prometteurs. De quoi réjouir les fans de musique métissée pointue et grossir les rangs des admirateurs des « Late of the Pier » !

Le Pantiero éteint ses projecteurs après 4 jours de bons et musicaux services. Les concerts de septembre du palais avec Archive et les Babyshambles nous redonneront un goût de rock and roll avant la réouverture de la terrasse l’année prochaine !