Monaco : après les stars, la Principauté reçoit les tsars !

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- Polyptyque – Photo © The State Historical Museum -

Moscou, capitale de la Moscovie puis de la Russie, prend-t-elle ses quartiers d’été à Monaco ? C’est le pari fou qui est présenté jusqu’au 13 septembre au Grimaldi Forum.

Après un petit séjour à Saint-Pétersbourg en 2004, le rocher princier met les petits plans dans les grands pour son invité royal moscovite. Ne faut-il pas être un brin mégalomaniaque pour recréer la structure de la Cathédrale de la Dormition dans la salle d’exposition nationale ?

Monaco s’adapte à son sujet ; là-bas, tout n’est qu’ordre, luxe et beauté ! Des chasubles de popes aux scintillants évangéliaires en passant par les étincelantes icônes religieuses, le monde doré de l’Eglise fait entrer, non pas dans le royaume des cieux mais dans celui de la majesté russe.

La cour et ses fastes n’hésitent d’ailleurs pas, à exhiber l’opulence et le raffinement. Au milieu d’une salle où se côtoient les portraits, les trônes et les robes de bal, certains objets affectionnés par les Romanov - famille régnante pendant 300 ans - hypnotisent les regards curieux. Les « Verres rubis à Vodka de Nicolas II » suscitent quelques exclamations mais cela n’est rien comparé à la dévotion pour les œufs de Fabergé. L’homme d’affaires russe, Victor Velselberg a eu une superbe idée en prêtant quelques uns des plus beaux présents de Nicolas II à son épouse Alexandra Feodorovna ! Le Tsar, ami du joaillier Carl Fabergé, aimait couvrir sa femme de cadeaux en lien avec sa famille et son statut impérial.

Les œufs « du couronnement » et « au muguet » sont les témoins de ces trésors d’orfèvrerie : la surprise dans l’œuf n’est pas un poussin mais la réplique du carrosse utilisée par la reine ! Devenue mère, Alexandra Feodorovna, n’a d’yeux que pour ses enfants, le roi conscient de cet amour maternel offrira à son épouse « L’œuf au muguet ». Si les clochettes imitées habilement par des perles ont pu impressionner la jeune reine, cela n’est rien comparé au mécanisme : par un léger mouvement sur le discret bouton du sommet de l’œuf, les portraits de ses deux enfants et de son époux surgissent. Ce bijou d’ingéniosité mécanique minutieuse peut faire pâlir de jalousie les joailliers russes mais le style russe gothique prend aussi son envol sur des œuvres traditionnelles telles que le montre le gigantesque Samovar sur plateau du grand Duc Serguei Alexandrovith.

- Diadème de la reine Marie de Serbie, Attribué à Bolin, Saint-Pétersbourg, vers 1880 - Photo © Collection Van Cleef & Arpels


Cependant, loin de décrire une Russie dorée idyllique, l’exposition n’oublie pas les tumultes de l’époque des tsars et le début de la contestation populaire. Si celle-ci ne pouvait pas être politique, elle était artistique ! Dès 1870, 14 peintres s’opposent aux thèmes picturaux de l’Académie et se regroupent dans le mouvement « des ambulants » en prônant une liberté artistique. Vrais documents historiques, les tableaux sociaux des peintres ambulants peuvent moins étonner le spectateur mais certaines scènes sociales comme « Le somme de l’auteur Tolstoï » captent l’attention. Quand le peuple montre les crocs, la famille royale s’unit dans son foyer. Loin des conventions et de l’étiquette, l’image rigide de la famille Romanov s’estompe pour dévoiler une tribu unie, banale et touchante dans la vie quotidienne. Nicolas II et ses enfants au travail ou en vacances ne sont pas sans rappeler les quelques vidéos tournées sur le Rocher avec le Prince Rainier, son épouse Grace Kelly et ses enfants. Cette intimité soudaine avec la tête du royaume ne pourrait donner que de l’humanité à la famille si on ne savait pas la fin tragique proche !

La structure en fer d’un bulbe d’église russe aux airs de mémorial à la Bombe A d’Hiroshima rend cette émotion palpable dans la fragilité. Le renouveau politique mais aussi artistique est annoncé car avec la mort de ces traditions naît une « Avant-garde russe » avec les peintres Popova et Rozanova.

L’exposition, laisse souvent le visiteur bouche bée. Elle prend toutes ses lettres de noblesse grâce à l’époustouflant travail du scénographe François Payet qui réussit à recréer une ambiance, une époque, un style, salle par salle. Les Russes ont le vent en poupe ces derniers temps. Se replonger dans le passé ne peut être alors qu’enivrant !

  • L’exposition « Moscou : splendeurs des Romanov » se tient jusqu’au 13 septembre au Grimaldi Forum - 10, Avenue Princesse Grace, Monaco - tel. +377 99 99 10 00.
  • lire ici notre article sur les Novoritchs et celui sur le tourisme russe sur la Côte d'Azur ici.