Natation- Records du Monde : anges déchus, nos deux extraterrestres redescendent sur terre…

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Catégorie Pieds dans le plat

La FINA les a dévêtus de l'un de leurs atouts.

Chacun avait pourtant choisi des équipementiers différents. l'Antibois Alain Bernard vêtit la X-Glide de la marque Arena et le Marseillais Frédérick Bousquet la Jaked 01. C’est avec ces combinaisons que nos deux champions ont battu les records du monde du 100 mètres crawl et du 50. Distances prestigieuses auxquelles se frottent tous les grands nageurs. Mais la Fédération Internationale a fait son choix et ce n’est pas le même.

Exit donc ces combinaisons et logiquement, les records qui allaient avec. Sur les 348 présentées par 21 équipementiers, la Fédération internationale en a homologué 202 ce qui offre un certain… embarras du choix. Les combinaisons entièrement en polyuréthane ont été pour l’instant exclues et d’autres, dont l’épaisseur ou leur aide à la flottabilité représentaient un trop grand avantage. Une appréciation totalement arbitraire.

Sans revenir sur cette polémique où le commerce tient une place plus grande que la performance sportive, dans les années 60 cœxistait une liste de records du monde en eau de mer et une autre pour les performances en eau douce. Il avait bien fallu admettre que le sel de mer favorisait la portance et la glisse du nageur. On sait aussi que le profil sous-marin du bassin, sa longueur, la concentration de sels minéraux, la qualité des lignes d’eau anti-vague et maintenant les plots de départ qui vont devenir de vrais « starting block », interviennent dans la performance, grappillant ici des centièmes, là des dixièmes de seconde, suffisamment en tous les cas pour faire la différence entre le premier et ses suivants. C’est ce que n’a pas digéré Amaury Leveaux. Le vice-champion olympique qui s’était vu relégué à la quatrième place des derniers Championnats de France sur le 50 mètres crawl, a de quoi se sentir lésé, lui qui n’avait qu’une combinaison… ordinaire.

Denis Auguin, l'entraîneur d'Alain Bernard, ne s’inquiète pas outre mesure. Pour lui, le rejet des 100 % polyuréthane n’est pas forcément un mal, c’est même une bonne chose pour la natation. « Il faut revenir à des combinaisons classiques avec seulement des plaques en polyuréthane et des plaques de tissu », ajoute-t-il.

Privés ou pas de leurs records, nos deux « Frenchies » Alain et Frédérick, ont pu profiter à loisir de cette dynamique qui les a portés aux cieux. Redescendus sur terre, ils garderont l’essentiel de l’expérience. Ce sera à eux de faire face aux adversaires qui attendent, dans le secret, de vêtir à leur tour « la » combinaison, homologué, celle-là même qui les mettra à armes égales. Ne faudrait-il pas instaurer, pour y voir plus clair et comparer ce qui est comparable, deux listes de records ? Records réalisés par des nageurs et nageuses « avec » combinaison et une autre liste « sans », juste avec un maillot piscine, du genre de ceux qu’on trouve dans un magasin de sport lambda, à moins de 20 €… ? Il existe bien d'ailleurs des records distincts en bassin de 25 mètres et en bassin de 50… Mais, bien sûr, on n’arrête pas le progrès. Est-ce vraiment çà le progrès ?