Jeux Olympiques d’hiver : Christian Estrosi met le paquet,

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présent sur tous les fronts il défend, bec et ongles, la candidature de Nice.

Même si nous ne sommes toujours pas convaincus de l’intérêt économique et écologique de Jeux Olympiques d’hiver à Nice en 2018 ou à une autre date, nous ne pouvons que saluer, l’énergie et la conviction du super-maire de Nice, Christian Estrosi, pour cette cause qu’il a fait sienne.

Il ne se passe pas de jour où l’on voit dans le quotidien local des annonces… payantes, mettant en scène le scénario idéal. Astucieux aussi, la parole donnée à des habitants des Alpes-Maritimes qui, bien sûr, sont là pour appuyer la candidature niçoise et acquiescer à cette initiative. Hier, ce furent les taxis niçois, qui emboîtèrent le pas de celui qui est le véritable chef du département et qui lui apportèrent ostensiblement leur appui. Ils y ont d’ailleurs tout intérêt, un tel événement ne pouvant qu’avoir un effet bénéfique sur leur chiffre d’affaire.

  • Tous pour un, un pour tous ! Les chauffeurs de taxis niçois en soutien à Christian Estrosi - aéroport de Nice-Côte d’Azur –photo Jacques Bavent -

Il est vrai que le projet a de quoi séduire et, il y a dix ans, nous aurions nous aussi applaudi des deux mains. Les temps changent le monde aussi. Que sont devenus les JO ? Une immense machine qui engendre bien des nuisances environnementales et nous amène un peu plus vite, un peu plus fort, un peu plus près… du précipice. Le bilan économique n’est pas aisé à faire. Ce dont on est sûr, c’est qu’en ce qui concerne surtout les JO d’été, il est de plus en plus difficile d’amortir les coûts engendrés pour les collectivités en charge du financement. De lourds emprunts sont nécessaires. Combien de villes organisatrices et d’Etats continuent à payer la note ! On se souvient de Montréal et de son stade olympique (œuvre géniale du Français Roger Taillibert). Son toit, dont les Montréalais ne pouvaient payer la facture, resta des années stocké dans des entrepôts marseillais. Lorsqu’ils purent enfin le récupérer, les JO étaient depuis longtemps terminés… et l’objet ne fut plus d’aucune utilité.

La crise actuelle vient elle aussi tempérer les ardeurs des plus chauds partisans des grands rassemblements internationaux qui ont pris au fil des temps des dimensions quasi inhumaines. Les contraintes liées à la sécurité par exemples sont devenues exorbitantes. Les organisateurs des JO de Londres se tordent maintenant les mains : Ah, si on avait pu prévoir ! On se demande même si Bertrand Delanoë, en catimini, ne se frotte pas lui, les mains : Ouf, heureusement que je ne les ai pas eu !

Cet hiver 2009, les conditions étaient climatiquement parfaites pour la réussite sportive des JO de… 2018. Les sceptiques du réchauffement de la planète rigolent : on vous l’avait bien dit, il ne fait pas plus chaud, mais plus froid… Bien sûr, ils oublient un peu vite qu’il s’agit plutôt de dérèglements ; demain, ici il fera plus froid, là plus chaud. Les statistiques récoltées vont toutes dans le sens d’un réchauffement de plusieurs degrés, à venir sur plusieurs décennies, avec en prime, une élévation du niveau de l’eau, la fonte de la banquise et des glaciers…

Si en 2018 (cela semble encore bien loin), l’hiver est doux, si les précipitations sont rares, il faudra alors compter sur la neige artificielle (rien que le mot est une hérésie). Et le coût écologique sera gigantesque. Il faudra beaucoup d’eau, beaucoup plus de pétrole, plus d’électricité… principalement d’origine nucléaire, venue des usines toutes proches… de la vallée du Rhône, pour alimenter des centaines de canons à neige bénéficiant des dernières prouesses de la technologie et pour un prix défiant toute concurrence…

Christian Estrosi parie donc sur des hivers plutôt froids et abondamment enneigés et sur une reprise de l’économie à laquelle l’organisation des tels Jeux prétend elle aussi contribuer. Tous sont d’accord, la droite comme la gauche se réjouissent et sont partants pour cette aventure. On l’a vu pour la candidature parisienne où David Douillet pactisait avec Delanoë… pour la bonne cause.

Il est donc, nous l’admettrons volontiers, « politiquement incorrect » de manifester quelques doutes sur l'intérêt de Jeux d’hiver dans les Alpes Maritimes. Constatons au passage aussi que depuis plusieurs décennies, le poids des élus issus du haut pays niçois est considérable… le moins qu’on puisse dire c’est qu’ils restent très attachés à leurs origines.