La critique est-elle si aisée et l’art si difficile ?
C’est la question que Pierre Cabanne devait se poser…
Est-il plus difficile d’être un bon critique que d’être un bon artiste et vice versa ? Cela dépend de quel côté du manche on se trouve… Avec un peu de recul, on peut observer que les artistes ont besoin que les critiques d’art s’intéressent à leurs œuvres. Critiques d’art qui font profession d’examiner, de disséquer, d’analyser, d’éplucher, en un mot de… critiquer. Conscient de leurs responsabilités, ils ont parfois tendance à abuser de leur pouvoir, c’est la… critique fondamentale qu’on est en droit de leur faire. On aura ainsi l’impression qu’ils ne peuvent se passer l’un de l’autre.
Pourquoi donc n’y aurait-il pas de bons et de mauvais critiques comme il y a de bons et de mauvais artistes ? Constatons dans la foulée qu’il y a davantage d’artistes de talents variés que de critiques, tous critères confondus. Pierre Cabanne, né en 1921 disparu en 2007, est l’un d’eux. Il est passé à travers le XXème siècle les yeux grands ouverts et a compté parmi les critiques d’art qui ont fait et parfois défait des réputations et qui ont contribué à fixer la valeur… marchande d’un artiste. Rôle important s’il en faut, plein de pièges, de tentations, le pire étant de laisser son ego prendre le pas.
La galerie Guillaume rend hommage à ce spectateur-acteur. Elle a réuni, habilement, les œuvres d’une trentaine d’artistes passés au crible, soumis au regard pointilleux de Pierre Cabanne. Guillaume Sébastien le galeriste, l’a bien connu. Il est même devenu le dépositaire des archives du critique. L’occasion était alors belle de les mettre en valeur et de les rapprocher d’œuvres de César, Arman, Marcel Duchamp, André Marfaing, Jean-Pierre Raynaud… ou encore de Pierre Fichet, Jean Messagier, Claude Bellegarde, Michel Tourlière…
Cet étalage, cette rencontre entre les mots de l’un et la palette des autres conduit à des télescopages, des éclaboussements d’une étrange fulgurance. Ainsi, face à une toile d’Olivier Debré d’une modernité exacerbée, Pierre Cabanne, nous éclaire : « Quelle œuvre est la plus classique dans son essence, son poids, sa durée, que celle-ci qui n’est d’aucun pays, ni continent, mais appartient à l’ordre des choses où le corps et l’esprit se mesurent pour délivrer du chaos des images vraies ».
Laissons le critique qui sommeille en nous, s’émerveiller !
- Galerie Guillaume, nouvellement installée au 32 rue de Penthière, Paris 87me, "Autour de Pierre Cabanne", jusqu'au 30 avril - Elle présente au Grand Palais, jusqu'au 32 mars, les "Dessins de déprogrammation" de Jean-Olivier Hucleux -