Festival de Cannes : surprenante Palme d’or
L’unanimité du jury fera-t-elle l’unanimité du public ?
- Laurent Canet, Palme d'Or -
Qu’un jury présidé par un Américain au tempérament de feu qui part au quart de tour, puisse couronner un film français du style de celui qui vient d’obtenir la Palme, a de quoi surprendre.
On peut imaginer, mais seulement imaginer, que Sean Penn, ait imprimé sa griffe, suggérant avec force, dirigeant ses « colistiers », les amenant là où il voulait… Unanimité ? Oui, sans doute, mais les autres membres du jury n’ont pas élevé la voix, ni marqué les débats. La personnalité, le professionnalisme, le charisme de Sean ont fait taire, du moins nous le supposons, toute velléité présumée de le contredire et de s’exposer. Le jury s’est laissé porter sur la vague…
Tant mieux donc si le président a convaincu que le film français était un grand film. Cocorico ! Et « Viva Italia » aussi qui rafle le grand Prix avec Gomorra de Matteo Garrone et le Prix du jury avec Il Divo de Paolo Sorrentino…! Deux pays englués dans le souvenir de leur gloire et en panne de renouveau. « Entre les murs » aura-t-il la même carrière cinématographique que les Choristes de Christophe Barratier dont l’action se situait également entre quatre murs ? C’est à souhaiter car le cinéma français n’est pas au zénith comme le caricaturent impitoyablement les Guignols de Canal. Les Chti's de Dany Boom n’étaient jusque-là que des arbres qui cachaient la forêt…
Clint Eastwood ne s’est pas déplacé pour chercher le petit rouleau de papier censé lui rendre un hommage qui sera passé inaperçu. Son film n’avait pas le profil souhaité par le président du jury. Chose promise chose due.
Tandis que « Les trois singes » du Turc Nuri Bilge Ceylan ne sont pas revenus bredouilles, « Le silence de Lorna » des frères Dardenne n’a suscité que des applaudissements polis mais guère bruyants… l’histoire belge n’a cette fois pas convaincu. Ne parlons même pas de « Blindness », on se demande même si les jurés l’ont vu…
- Benecio del Toro, Palmes Chopard… -
Les USA ne sont pas repartis les mains vides et le cinéma grand public y a trouvé son compte avec le film de Steven Soderbergh. Benicio Del Toro, Prix d'interprétation masculine, est un Che on ne peut plus convaincant pour un public… américain. Les jurés ont eu 4 heures 30 pour s’en convaincre.
L’Anglais Steve McQueen, a donné faim aux spectateurs et s’est vu remettre la Caméra d'or pour son premier film, "Hunger", présenté dans la section "Un certain regard".
Nota Bene : un président du jury très critique envers Bush et les Républicains, ça donne au final, un palmarès très « social ». C’est Ségolène qui va être contente…
Alain Dartigues
- mention : www.pariscotedazur.fr – mai 2008 - - écrire au magazine, s'abonner, se désabonner -