Casinos de la Côte d’Azur : amorcée dans les années 2000,
leur lente descente aux enfers continue… Est-elle inexorable ?
L’âge d’or semble bel et bien terminé pour les casinos. Ceux qui se situent sur le littoral azuréen sont les plus touchés. Aux années glorieuses de 1960 à 1980, celles des jeux traditionnels, succéda une période de vaches maigres que vint stopper en 1988 l'arrivée des machines à sous. L'engouement ne durera qu'à peine dix ans. Les taux de croissance, jusque là à deux chiffres, se sont régulièrement érodés pour atteindre des seuils extrêmement critiques. La fiscalité maintenue à un niveau démentiel est annonciatrice de plans sociaux drastiques. La crise financière mondiale offrira à certains groupes un alibi pour les justifier, faute d'avoir anticipé la conjoncture.
Dominique Desseigne, Président du groupe Barrière va plus loin, allant jusqu’à brandir le spectre de fermetures. Il est vrai que Cannes avait misé sur le mauvais cheval en rendant possible l’ouverture d’un nouveau casino sur la Croisette. Notre consultant, Pierre Casanova, en janvier 2003, posait très directement la question : un troisième casino à Cannes, pour quoi faire ? Pour ce spécialiste, c’était celui de trop, et ce, quelle que soit l’entreprise qui obtiendrait l’autorisation. Cette nouvelle enseigne ne ferait que diluer le produit brut des jeux et aurait, entre autre effet pervers, la diminution des prélèvements obligatoires qui sont calculés suivant des tranches (plus le CA est élevé, plus l’imposition est importante et moins il l’est, moins les recettes fiscales le sont…).
- article prémonitoire, publié en janvier 2003, lire ici sa reprise, mise en ligne hier -
À la veille de dresser le bilan de l’année écoulée, les prédictions de Pierre Casanova, se révèlent tristement justes. N’écrivait-il pas en 2003 : « En ouvrant un troisième casino, la ville de Cannes prend peut-être le risque d’affaiblir les deux casinos existants. Prend le risque d’en faire de petits casinos. Et les petits casinos ne font pas rêver ! »…
Ni lui, ni personne ne se réjouissent que cette analyse se soit avérée exacte. Les casinos font partie de l’histoire de la Côte d’Azur et ont participé à leur façon au développement et à la prospérité de la French Riviera. À Cannes, François André, la famille Lucien Barrière, comme Jean Robert Toutain ont marqué de leur empreinte le ciment de La Croisette, créant palaces et gérant au mieux les établissements de jeux. Le groupe Partouche, arrivé en dernier sur les lieux, n’a bénéficié que des restes du festin.
Une époque révolue où les gros clients jouaient jusqu’à l’aube dans les salons privés du Palm Beach des sommes folles et laissaient des pourboires somptueux aux croupiers. Les croupiers, ces seigneurs de la palette ou de la bille d’ivoire, alternaient les saisons au Municipal de Cannes, au Beach, à Deauville ou Trouville, à Biarritz… quand ils ne se retrouvaient pas au Beachcomber de Londres pour passer l’hiver. Ces croupiers qui sont maintenant devenus des fonctionnaires smicards et syndiqués, d’une banque où rien ne va et d'une roulette… russe.
Indépendamment de l’imprudence de certains dirigeants et de leurs conseillers, on cherche des coupables. Hier, c’était l'État, décrit comme un ogre prédateur et aujourd’hui c’est l’interdiction de fumer que l'on brandit comme la cause de tous les maux. La santé du joueur ne fait pas bon ménage avec celles des groupes. Mais l'argument n'est peut être pas aussi pertinent. Dans d’autres pays ou régions de France, on ne constate pas les mêmes dégâts. Ce que l'on constate le plus, c’est surtout le développement exponentiel du jeu en ligne, tellement mal encadré par le législateur.
Mais le monde des jeux a changé. À 10 centimes d’euro la mise, les machines à sous se sont démocratisées, laissant armoires et tiroirs vides. L'argument « Destination Casino » n'était qu'une incantation creuse. Il est temps de trouver des idées neuves. L'imagination mérite de reprendre le pouvoir.