Alpes-maritimes et Pyrénées orientales : deux approches différentes

de voir voler hirondelles et martinets.

Si les hirondelles ne font pas forcément le printemps – on n’est plus sûr de rien en ces temps où le climat fait des siennes – leur absence ou leur retour est par bien des aspects significatif.

Nous avions pu remarquer - l’âge nous donne ce privilège - le lent déclin des hirondelles dans les Alpes Maritimes. Sans être un scientifique, nous supposions que cette espèce, relativement fragile, était une de celles qui souffrait le plus des nouveaux insecticides et pesticides répandus dans nos campagnes après la dernière guerre.

Leur quasi-disparition du paysage nous a semblé correspondre à l’avènement des martinets, plus vigoureux. Pratiquement inconnus chez nous, ils occupèrent le territoire laissé vacant par les hirondelles. Certains observateurs disaient que les nouveaux venus allaient jusqu'à détruire leurs nids. Nous ne l’avons pas vu, alors que, dans le même temps, c'était bien des humains qui, plus attachés à la propreté de leur porche qu’à la protection des espèces animales, les décrochaient des dessous de leurs toits…

Plus sérieusement, la Ligue de protection des oiseaux constate de son côté cette tendance et s’inquiète. Qui sait que la destruction des nids est un délit puni par la loi du 10 juillet 1976 ? Qui s’en formalise, quel citoyen dénoncerait-il son voisin pour un tel acte, quel policier prendrait note d’une plainte, quel gendarme verbaliserait-il ce genre de délinquance ? Nous avons bien d’autres chats à fouetter, n’est-ce pas…

Mais les nouvelles ne sont pas toujours seulement mauvaises. Un voyage à l'ombre du Canigou, dans les Pyrénées orientales, nous a réconciliés avec une nature plus accueillante pour cet oiseau porte-bonheur. Les gens y sont aussi pour quelque chose acceptant plus facilement leur présence et tolèrant leurs salissures… Expérience merveilleuse que de les voir s’activer, du matin au soir, pour nourrir infatigablement leur criarde progéniture. Qui se plaindrait de leur incessant ballet, de la beauté gracile de leur vol ?

Les martinets, pas toujours aux mêmes heures, ni exactement à la même altitude, s’activaient aussi, de leur vol puissant et rapide, leurs cris intenses ne cessant qu’à la fin du jour, relayés par de discrètes chauves-souris. Comment ne pas être admiratif par autant d’harmonie, d’efficacité, d’équilibre ?

Cerise sur le gâteau, nous avons pu remarquer dans cet environnement campagnard l’absence de moustiques et d’autres bestioles piquantes. Un hasard ? Nous jurerions bien que non, ces milliers d’hirondelles et de martinets participant assurément à ce confortable état de fait… Autant de pesticides et d’insecticides en moins à répandre dans les champs, des économies pour les agriculteurs de ce charmant pays et des produits moins dangereux pour les consommateurs.

- mention : www.pariscotedazur.fr - août 2007 - A.D. -
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