Les pieds dans le Bac :
des chiffres de réussite qui surprennent.
Comme dans l’ensemble des académies, celle de Nice se félicite du nombre de bacheliers reçus cette année. Avec 87 % de reçus au Bac général elle améliore son record. Les établissements privés approchent, eux, les 99 % de réussite. On sait pourquoi : sélection des candidats… Quant aux lycées d’état, ils ne sont pas loin de compte, avec des taux de reçus… dictatoriaux, comme au Lycée Carnot à Cannes qui, avec 89,6 % progresse de 3,3 points par rapport à l’année précédente.
Que se passe-t-il donc ? Les élèves sont-ils devenus plus intelligents ? Etudient-ils mieux et davantage, font-ils moins de fautes de français ? Leurs professeurs sont-ils moins absents, ont-ils amélioré leur pédagogie, la qualité de leur enseignement ? Devant de telles performances, on se demande évidemment s’il est nécessaire de promouvoir des réformes. On ne change pas une équipe qui gagne, pourquoi donc faudrait-il modifier un système qui décerne tant de diplômes de fin d’études et tant d’accessits ?
Ceux qui ne croient à l’amélioration du niveau des élèves et de l’excellence de leurs professeurs, cherchent ailleurs les raisons de ces taux records, flatteurs pour l’Education nationale, le ministre et le gouvernement, les profs… Certains ont la conviction, à tort ou à raison, que ce serait plutôt les critères qui ont évolué, que la façon de noter est devenue plus généreuse… D’autres imaginent même que les examinateurs obéiraient à des consignes visant à des quotas nationaux. Où donc ont-ils donc été cherché ça !
Quoiqu’il en soit et quelque soit le nombre de reçus au baccalauréat, cela ne résout en rien les problèmes posés en aval. L’immense majorité de ces bacheliers, et leurs parents, sont demandeurs de places dans les universités. On sait qu’il n’y en aura pas pour tout le monde et que tous les bacheliers n’ont pas forcément le niveau pour suivre le cursus universitaire. Les chiffres sont là, nombreux sont ceux qui abandonnent très vite. Nombreux aussi sont ceux qui encombrent les amphithéâtres. Enfin, c’est une façon de parler, car parmi eux, beaucoup n’assistent pas aux cours et ne s’inscrivent que pour bénéficier des aides, sécurité sociale, chambre universitaire, etc…
Dernier bémol à ce grand cocorico national annuel, ce diplôme de fin d’études n’a guère d’équivalent en Europe. Savoir que notre jeunesse, que notre progéniture est détentrice de ce Bac devenu quasi mythique, ne rassure que nous. Il n’est pas la garantie d’une réussite ultérieure. D’autres critères sont bien plus importants, comme la vocation, la motivation, l’état du marché, les offres d’emploi, la conjoncture, le parcours scolaire, etc… Il fait faussement croire que le plus gros est fait. Les jeunes qui inscrivent leur nom sur les listes de candidats aux universités et aux grandes écoles, l’apprennent bien vite. Restent aux écoles privées dont les diplômes n’ont pas toujours une grande valeur, à récupérer la manne providentielle que représente tous les déçus du système…
- mention : www.pariscotedazur.fr - juillet 2007 - - contact -