Le cadeau de Le Pen à Sarkozy

En ne donnant pas de consignes de vote en faveur de Nicolas, il l'a dé-diabolisé…

Qu'il l'ait fait intentionnellement ou involontairement, Jean-Marie Le Pen a contribué à la victoire finale de Nicolas Sarkozy. S'il avait donné clairement des consignes à ses électeurs, les enjoignant de voter pour le candidat de l'UMP, il aurait effarouché une partie de ceux qui sont hostiles à une alliance, quelle qu'elle soit, avec les héritiers de la Collaboration et du fascisme.

En quelque sorte rassurés, c'est donc sans complexe que de nombreux électeurs d'une droite modérée et des centristes ont pu voter pour le candidat représentant la droite dans son ensemble. C'est peut-être une page d'historique qui se tourne. Les électeurs de droite qui avaient voté pour le Front national depuis que François Mitterrand lui avait habilement redonné vie pour mieux diviser l'électorat de droite, assument de nouveau leur choix. Le choix d'une France conservatrice, perturbée par les conséquences d'une politique de l'immigration non maîtrisée et par ses contrecoups sur la paix sociale.

Nicolas Sarkozy a eu le mérite et le courage, durant sa campagne de se positionner sur les sujets qui dérangent… de parler d'identité nationale et d'immigration. Le temps est maintenant venu pour lui de prendre en main ces dossiers, de proposer des solutions et de les mettre en œuvre, sans passer pour un raciste ou un xénophobe. Une chose proprement impensable il n'y a pas si longtemps. Il n'était pas question alors de s'aventurer sur ces terrains glissants, politiquement incorrects, qui présentaient le seul véritable fond de commerce pour Jean-Marie Le Pen et pour Bruno Mégret - mais qui connait Bruno Mégret aujourd'hui ? La page est-elle définitivement tournée pour autant ? Y a-t-il un espoir pour Marine Le Pen de s'accaparer le créneau de nouveau ?

Tout dépend maintenant de la façon dont Nicolas Sarkozy gérera le délicat sujet. Il y a l'entrée de la Turquie en Europe, la place de l'Islam dans la République, les banlieues, la politique étrangère… S'il essaye de passer en force, les risques de dérapages seront importants, d'autant plus que les provocations ne manqueront pas et que les opposants politiques l'attendent au tournant… S'il présente des solutions acceptables pour la majorité des Français, s'il ouvre le dialogue, s'il fait de la pédagogie, alors tout est permis. Il a fait naître des espérances chez beaucoup de Français, pour au moins 53 % d'entre eux en tous les cas… Souhaitons avec eux qu'il ne les déçoive pas !

- mention : www.pariscotedazur.fr - mai 2007 -
- contact et commentaires : info@pariscotedazur.fr -