SNCF : vers la fin des privilèges ?

Baroud d’honneur pour les bénéficiaires des régimes spéciaux.

Catégorie Les paradoxales

Comme cela a été annoncé, les régimes spéciaux de retraite sont dans le collimateur du gouvernement. Environ 500 000 salariés : marins, mineurs, agents des industries électriques et gazières, de la SNCF, de la RATP… sont concernés. Grève largement suivie, hier et aujourd’hui à la SNCF. Aucun train dans les Alpes Maritimes et 40 écoles fermées. Les usagers galèrent. Peut-être est-ce la dernière fois, se disent-ils, soulagés de savoir qu’à partir de janvier prochain, un service minimum devrait être instauré.

Pour ce qui est des revendications, la plupart n’en pensent pas moins. Comment ne pas considérer comme des privilégiés ceux qui partent à la retraite à 55 ans voire pour certains à 50 ? Alors qu’eux, simples usagers du régime général, doivent attendre 60 ans et bientôt davantage pour espérer une retraite à taux plein… S’ils éprouvent un brin d’envie, cette injustice est trop criante pour qu’ils défendent ces prérogatives héritées des années Front populaire

Ce qui était alors un progrès social – les locomotives fonctionnaient au charbon et rendaient le travail particulièrement éprouvant et dangereux – n’est plus justifiable aujourd’hui. Le chauffeur de bus, la secrétaire qui travaille sans voir la lumière, le télé-démarcheur de base, le policier qui doit affronter les caillassages et les insultes… la liste est longue, infiniment longue, de ceux qui peuvent prétendre faire un travail pénible, un travail rendu difficile par des déplacement de plus en plus longs… dans une société agressive.

Lorsque le gouvernement a allongé la durée des cotisations retraite pour le fonctionnaire lambda, cela a malgré tout été accepté car cela était acceptable. Il est même remarquable que cela se soit passé aussi facilement car la plupart des fonctionnaires avaient commencé leurs carrières sur la base de 37 ans et demi de service pour une retraite complète… pour passer progressivement à 40.

Paradoxalement, on peut noter aussi que ce sont les syndicats et la gauche qui ont déclenché ce mouvement social. Et de se demander : est-il aussi « social » que ça ? Après tout, l’égalité qui résulte de cette remise à plat du régime des retraites, devrait aller dans leur sens… plus d’égalité, de fraternité. Pourquoi une partie de la population de travailleurs devrait-elle « turbiner » jusqu’à 60 ans et plus, alors qu’une autre partie savourerait cette période de la vie dès 50 ans ? Qui paye la retraite de ceux qui partent à 55 ans sinon ceux qui partent à 60…

Ségolène Royal en campagne, dénonçait « la droite des privilèges ». Bien vu. La défense des régimes spéciaux de retraite ne ferait-elle pas, elle, partie de la gauche des privilèges ?

En entrant un peu plus dans les détails des propositions gouvernementales, on s’aperçoit que le passage serait progressif, passant, d’ici 2012, à 40 ans de cotisation pour une retraite à taux plein. Pour calculer cette pension, la référence serait le salaire des 6 derniers mois d’activité (un privilège encore, comparé au régime général qui prend en compte pour ce calcul les 20 ou plus dernières années…). D’autres éléments seraient retenus comme la spécificité des métiers, l’emploi des seniors, le rachat d’années d’études, les situations familiales et les handicaps…

François de Closets décrivait, il y a déjà plus de 25 ans, la France des privilèges dans son livre « Toujours plus ! ». C’était aussi le titre d’une émission sur M6. La révolution de 1789 n’a pas encore tout gommé…

- mention : www.pariscotedazur.fr – octobre 2007 -
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