Cannes 1988 : démolition et reconstruction.

Le Palais des Festivals et l'Hôtel Gonnet et de la Reine.

- publié dans le numéro 715 du 15 octobre 1988 -

Avant de construire, en toute logique il faut parfois démolir, surtout lorsqu'on se trouve sur un site déjà occupé. Le numéro 715 de notre magazine Paris Côte d'Azur, du 15 octobre 1988, publiait les images de l'ancien Palais des Festivals et de l'Hôtel Gonnet et de la Reine, en cours de démolition.

En ce qui concerne le Palais des Festivals, on peut regarder cette photo avec un peu de nostalgie. Ceux qui l'ont connu se rappellent encore de fabuleuses montées des marches, de stars plus accessibles, d'un Festival à taille humaine. Le temps ne se remonte qu'au cinéma… Le vieux Palais est mort, vive le nouveau Palais !

Quel nouveau Palais ? Bâti sur l'emplacement du Casino municipal, qui aurait mérité une fin plus digne – en fait, l'établissement aurait dû être classé - il fut aussitôt baptisé le Bunker. Le choix du mot indique que le style architectural ne fut guère apprécié, ni hier, ni aujourd'hui. Plus grave, le Palais ne semble plus répondre aux exigences des ses utilisateurs les plus importants. Déjà le Congrès 3GSM a déménagé à Barcelone et le Festival du film, par l'entremise de son auguste président, Gilles Jacob, souhaite des changements et des améliorations significatives, sinon…La menace plane donc sur l'avenir de cette institution.

La municipalité a déjà effectué quelques travaux essentiels et réalisé une extension à la Rotonde. Elle ne manque pas de projets dont certains apparaissent ambitieux mais dont la facture semble déraisonnable pour les finances de la ville. Elle a ainsi abandonné le projet d'un chantier souterrain qui devait permettre d'obtenir 10.000 m2 supplémentaires pour les expositions. Curieusement, elle n'a pas sauté sur l'occasion qu'elle avait d'acheter à prix préférentiel, les locaux de la Banque de France, pourtant à quelques mètres des montées de marche…

L'Hôtel Gonnet et de la Reine lui continue à régner bien que sa nouvelle version ne ressemble en rien à la première mouture qui date de 1865. Un monsieur Gonnet racheta un terrain le long d'une Croisette qui ne portait pas encore ce titre. Il y fait construire un hôtel auquel il donne son nom, juste à côté du grand Hôtel construit l'année précédente.

En 1869, François Daumas rachète le fond de l’hôtel et, en hommage à la souveraine de Grande-Bretagne, attache son nom à celui de la Reine. La famille Daumas va diriger l’hôtel jusqu’à sa démolition, à la fin des années quatre-vingt. Une résidence de luxe, baptisée du même nom, a été construite à son emplacement. Son nouvel aspect est loin de faire l'unanimité. Pour certains, elle serait en droit de revendiquer la palme d'or de ce qu'il ne faut pas faire en ce domaine : vitres fumées, dorures, façade toute en angles…

Deux éléments essentiels de la Croisette venaient donc de disparaître, remplacés par des entités aux fortunes diverses…

- mention : www.pariscotedazur.fr - janvier 2007 -
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