La tension baisse sur le Verdon :

la ligne EDF Boutres-Carros ne passera pas.

- paysage impollué -

On en parlait depuis le début des années 90. La ligne EDF Boutres-Carros devait sécuriser l'approvisionnement en énergie électrique du Var et des Alpes Maritimes, accessoirement la région voisine de l'Italie. Une génération de défenseurs de l'environnement s'était usée à vouloir qu'EDF se creuse la tête pour trouver une autre solution. Plusieurs gouvernements de droite et de gauche confortèrent EDF dans ses premiers choix et acceptèrent leur argumentation imparable : la nécessité du projet.

C'est donc avec satisfaction et une certaine surprise – beaucoup n'y croyaient plus -que les écologistes ont appris la décision du Conseil d'Etat. Telle quelle, la ligne Boutres-Carros ne se fera pas car, son passage obligé par le Parc national du Verdon, l'interdit. Corinne Lepage, avocate du collectif d'opposants au projet, est ravie. Elle constate qu'on ne peut se prévaloir impunément de la notion d'utilité publique quand il s'agit de détruire un site exceptionnel.

Les randonneurs, les amoureux de la nature, les grimpeurs, et beaucoup d'habitants de petites communes par lesquelles devaient passer les interminables câbles et se poser les volumineux et volumineux piliers de la ligne à Très Haute Tension, se réjouissent. Ils ont momentanément gagné. Mais leur désir et leurs choix pèsent bien peu face aux impératifs du développement économique.

Les déclarations de la Chambre de Commerce et d'Industrie de la Côte d’Azur l'illustrent bien. Elle a rappelé que le département importait 90% de son électricité et que cette dépendance n'était assurée que par une seule ligne sensible aux incendies de forêts. Elle ne craint pas d'envisager le pire.

De son côté, le ministre délégué à l'Aménagement du territoire, Christian Estrosi, qui n'est autre que le président du Conseil général des Alpes Maritimes, ne cache pas son inquiétude. "Je n'ai pas à commenter une décision de justice mais je la regrette", ce qui en soit est un commentaire…. Elle lui semble lourde de conséquences pour l'avenir car de toute évidence, la population ne va pas cesser de d'accroître et ses besoins en énergie avec.

Plutôt que de chercher des solutions alternatives comme il aurait dû depuis longtemps le faire, le Réseau de Transport d'Electricité s'en lave les mains. Il s'efforcera de gérer au mieux et d'éviter dans la mesure du possible toute coupure de grande ampleur…Cela veut tout dire. Pourtant des solutions existent qui passent avant tout par des mesures d'économie, par le développement des énergies renouvelables et des énergies alternatives. François Loos, le ministre délégué à l'Industrie, le sait. Les écologistes aussi mais qui sont-ils ? Des consommateurs. Sont-ils prêts à diminuer leur propre consommation ? A prendre une douche plutôt qu'un bain, à utiliser le moins d'appareils électriques ménagers possibles, …? Sans doute, mais cela compensera-t-il la consommation effrénée de ceux qui mettent la clim à fond et oublient d'éteindre la lumière en quittant une pièce,…?

On le voit, économiser l'énergie non renouvelable, c'est remettre profondément en cause notre mode de vie. Pour beaucoup, c'est totalement impensable. Pour les entreprises qui tirent leurs bénéfices et leur prospérité de cette surconsommation, ce n'est même pas envisageable…

- mention : www.pariscotedazur.fr - juillet 2006 -